Laformation des Cosaques au sens historique, c'est-à -dire de communautés militaires autonomes majoritairement slaves, s'est produite à la fin du XVe et au début du XVIe siÚcle, aux marges méridionales des grandes principautés de Lituanie et de Moscovie, dans les steppes ukraino-russes alors dominées par les Tatars.
Archives d'Algérie Archives algériennes en ligne Lien vers le site des archives d'Algérie Informations numérisées disponibles sur le site L'état civil des européens a été constitué, selon les rÚgles métropolitaines, en double exemplaire pour la période 1830 - 1962 en ligne jusqu'en 1912. Les microfilms ont fait l'objet d'une numérisation et d'une base alphabétique des actes de 1830 à 1904, aux noms et prénoms. Cette indexation n'est malheureusement pas parfaite certaines communes peuvent manquer et l'orthographe des noms peut varier et donc rendre les recherches plus fastidieuses . => Retour vers la page d'accueil Lien brisé, informations concernant les archives de ce département ? Faites vivre cette rubrique en laissant un commentaire ci dessous
LesAllemands ont Ă©tĂ© particuliĂšrement brutaux en Namibie et ils se sentent coupables sur un plan gĂ©nĂ©ral depuis le nazisme. Par contre la France au Cambodge a sauvĂ© le pays de la disparition, et dans plusieurs rĂ©gions d'Afrique, l'arrivĂ©e de la France et de la Grande-Bretagne ont empĂȘchĂ© les massacres esclavagistes arabes. Alexandre
Les rĂ©actions se poursuivent suite au tweet du dĂ©putĂ© UMP Jean-SĂ©bastien Vialatte. Christian Jean-Etienne, prĂ©sident du ComitĂ© Devoir de MĂ©moire Martinique Le ComitĂ© Devoir de MĂ©moire de Martinique condamne avec force les dĂ©clarations racistes de M. Jean-SĂ©bastien Vialatte, dĂ©putĂ© UMP du Var Ă propos des violents affrontements survenus lors de la fĂȘte du Paris Saint Germain, champion de France de Ligue 1, au TrocadĂ©ro. Le dĂ©putĂ© dĂ©clare Les casseurs sont sĂ»rement des descendants dâesclaves ils ont des excses Taubira va leur donner des compensations ». De tels propos sont inadmissibles de la part dâun dĂ©putĂ© Ă©lu par le peuple. Ils insultent, Ă quelques jours des dates commĂ©moratives de lâabolition de lâesclavage, la mĂ©moire de nos ancĂȘtres esclaves et tĂ©moignent de la prĂ©sence des vieux dĂ©mons racistes enfouis au sein de cette catĂ©gorie de personne. Le ComitĂ© Devoir de MĂ©moire rĂ©clame que ces propos soient sanctionnĂ©s avec sĂ©vĂ©ritĂ© et exemplaritĂ© afin de dĂ©courager dâautres comportements de ce type. RĂ©action de la dĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle Ă lâĂ©galitĂ© des chances des français dâOutremer M. Vialatte ne peut pas persister dans lâignorance que lâhistoire de lâesclavage est lâhistoire de France. » La dĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle est particuliĂšrement scandalisĂ©e par les propos tenus sur Twitter par M. Jean-SĂ©bastien Vialatte, dĂ©putĂ© du Var, qui bien plus quâ une stupide connerie » sic., sont une offense faite au peuple Français, dont il est un des reprĂ©sentants. Il ne suffira pas ici de retirer le tweet infĂąme ou dâexprimer ses regrets, mais bien de demander pardon aux Françaises et aux Français, descendants dâesclaves ou non, ultramarins ou non. M. Vialatte ne peut pas persister dans lâignorance que lâhistoire de lâesclavage est lâhistoire de France. Les esclaves autant que les Gaulois sont nos ancĂȘtres et nous sommes tous et toutes des descendants dâesclaves. Et il serait bien pĂ©rilleux de croire que, parmi les Ă©lecteurs de la 7Ă©me circonscription du Var, il nây aurait pas de descendant dâesclave. Cette filiation ne se lit pas sur le visage, nâen dĂ©plaise Ă certains. Telle personne, que M. le DĂ©putĂ© classerait volontiers dans la catĂ©gorie des descendants dâesclaves peut ĂȘtre fils ou fille de Reine ou de Prince, tandis que telle autre peut ĂȘtre dâune lignĂ©e dâengagĂ©s ou de serfs sans que cela ne se remarque. Au-delĂ de la nĂ©cessaire rĂ©action des parlementaires, les citoyennes et les citoyens que nous sommes doivent se poser la question du choix des personnes que nous dĂ©signons pour nous reprĂ©senter, câest- Ă -dire pour sâexprimer et agir en notre nom. M. Vialatte, par son tweet, a fait parler les Ă©lecteurs et Ă©lectrices de la 7Ăšme circonscription du Var, y compris celles et ceux, nombreux, qui honoreront la mĂ©moire de leurs ancĂȘtres le 23 mai prochain. LâĂ©lectorat de M. Vialatte doit se poser cette question, et le groupe Force outre-mer serait bien inspirĂ© de demander Ă lâUMP un geste symbolique pour rĂ©parer lâoutrage. RĂ©action de FrĂ©dĂ©ric BĂ©ret, Premier SecrĂ©taire de la FĂ©dĂ©ration socialiste de la Martinique Suite aux Ă©vĂšnements du TrocadĂ©ro, survenus lors du sacre de lâĂ©quipe de Paris Saint-Germain, le DĂ©putĂ© Jean-SĂ©bastien VIALATTE a jugĂ© bon de publier un tweet dans lequel il faisait un dangereux et non moins scandaleux amalgame entre la mĂ©moire de lâesclavage, les demandes de rĂ©paration, et les violences commises par certains manifestants nâayant rien de vrais supporters du Lorsquâun DĂ©putĂ©, reprĂ©sentant de la Nation, sâexprime en des termes aussi injurieux, aussi extrĂ©mistes, on peut logiquement sâinquiĂ©ter quant Ă ces dĂ©rives et tout ce quâelles peuvent entraĂźner⊠Monsieur VIALATTE affiche donc une violence encore plus condamnable que celles quâil prĂ©tend lui-mĂȘme dĂ©noncer. Bien quâayant supprimĂ© son tweet par la suite, le mal est bien fait, et ces excuses sont irrecevables Monsieur le DĂ©putĂ© VIALATTE mĂ©rite dâĂȘtre poursuivi et puni, et Ă la nous espĂ©rons quâil le sera. La FĂ©dĂ©ration Socialiste de Martinique sâindigne et dĂ©nonce fermement les Ă©crits du DĂ©putĂ© VIALATTE,et rĂ©clame des sanctions Ă son encontre » RĂ©action de Didier Laguerre, SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral du Parti Progressiste Martiniquais Le Parti Progressiste Martiniquais tient Ă manifester sa profonde indignation face aux propos injurieux et outrageants tweete, ce jour par le dĂ©putĂ© de la RĂ©publique, Jean-SĂ©bastien Vialatte, assimilant les casseurs de la fĂȘte du sport Ă des descendants dâesclaves. Ces propos tĂ©moignent, sâil en Ă©tait encore besoin, du profond mĂ©pris et du racisme Ă©rige en esprit de systĂšme chez certains reprĂ©sentants de la souverainetĂ© nationale. Ils dĂ©montrent, mĂȘme supprimĂ©s, la banalitĂ© de telles considĂ©rations et le refus intrinsĂšque de certaines Ă©lites dâaccepter la rĂ©alitĂ© multiculturelle de la nation française. Le PPM en appelle a la vigilance de tous les instants face a la recrudescence du racisme et au sursaut pour rester fidĂšle Ă la voie tracĂ©e par Aime CĂ©saire a savoir une nĂ©gritude ouverte par la connaissance de soi et le respect rĂ©ciproque.
LorsquedĂ©bute la Seconde Guerre mondiale, la France compte sur son Empire. Comme elle lâavait fait en 1914, elle a mobilisĂ©, dĂšs 1939, ses soldats de lâoutre-mer, quâil sâagisse des troupes venues de lâAfrique du Nord, câest-Ă -dire des trois Etats du « Maghreb central » (AlgĂ©rie, Maroc, Tunisie), câest lâarmĂ©e dâAfrique, ou de celles issues du reste des colonies, ce
TĂ©moignage trĂšs intĂ©ressant dâun ancien lĂ©gionnaire GĂ©rard Gille, qui est offert Ă notre lecture par sa fille Sylvie. LâAuteur retrace son existence en Indochine entre 1948 et 1953, en particulier sous les ordres du capitaine Mattei et du lieutenant Jaluzot. RĂ©cit âbrut de dĂ©coffrageâ qui permet de garder toute la verve de lâAuteur. Prologue Une si belle Arme Dans ce court rĂ©cit, j'ai tentĂ© de retracer l'existence qui fut la mienne dans la lĂ©gion Ă©trangĂšre entre 1948 et 1953. J'y raconte la guerre bien-sĂ»r, mais aussi la féérie des paysages Tonkinois, le charme des villages et de ses habitants, la magie des parfums d'Asie et toutes les Ă©motions qui ont empreint ma mĂ©moire d'homme et de soldat. Je dĂ©die ce livre Ă la lĂ©gion Ă©trangĂšre qui Ă cette Ă©poque est devenue ma seconde mĂšre et qui le restera toujours. Sommaire Prologue. Chapitre 1 " Voici une belle arme...". Chapitre 2 Un sĂ©jour Ă Sidi Bel AbbĂšs. Chapitre 3 En avant pour l'aventure. Chapitre 4 Sur la RC4; direction Cao-Bang. Chapitre 5 Un hiver sur le col de Long PhaĂŻ. Chapitre 6 De village en village, de riziĂšre en riziĂšre... Chapitre 7 Hold-up Ă Nacham. Chapitre 8 Une "villĂ©giature" Ă HanoĂŻ. Chapitre 9 OĂč des enfants sauvent le lĂ©gionnaire... Chapitre 10 En poste Ă Bo-Cung. Chapitre 11 Mon baptĂȘme du feu. Chapitre 12 En transit dans le delta Tonkinois. Chapitre 13 Un jeu dangereux. Epilogue. Chapitre 1 Voici une belle arme... » Le 10 AoĂ»t 1948 , nous passions mon pĂšre et moi devant la caserne Michel Ă Lons le Saunier quand mon regard se porta sur une belle affiche prĂ©sentant un jeune lĂ©gionnaire en tenue de saharienne. Voici une belle arme » me dit mon pĂšre tu pourrais envisager de t'engager... » ajouta-t-il en mâobservant. Ma rĂ©ponse fut me prĂ©cipitai dans le bureau dâaccueil ou je trouvai un officier qui reçut ma demande dâengagement et me remit aussitĂŽt un titre de transport pour Marseille .Le jour de mon dĂ©part fut fixĂ© au surlendemain. Ma famille reçut assez bien la nouvelle. La veille du grand jour nous nous retrouvions autour dâun excellent repas Ă lâhĂŽtel de GenĂšve avec mon pĂšre, ma mĂšre, ma tante Suzanne et surtout Tita , la soeur de ma mĂšre qui mâavait toujours vouĂ© une affection particuliĂšre et qui avait tenu Ă marquer lâoccasion en nous offrant ce dĂ©jeuner au restaurant. Le jour venu, je me prĂ©sentai Ă la gare de Lons le Saunier Ă lâheure indiquĂ©e sur ma feuille de Marseille. Lâaventure commençait ! Le bas-fort Saint Nicolas est une petite bastide surplombant lâentrĂ©e du vieux port de Marseille. Câest ici que durant trois longues semaines je dus rĂ©pondre Ă de nombreux interrogatoires. Je me souviens que la police y venait Ă longueur de journĂ©e pour embarquer des individus au passĂ© douteux qui pensaient, bien Ă tort, pouvoir Ă©chapper Ă la justice en sâengageant Ă la LĂ©gion! Ainsi se dĂ©roulaient les journĂ©es au bas-fort Saint Nicolas en compagnie dâautres jeunes recrues, majoritairement des Allemands, soumis au mĂȘme rĂ©gime que moi-mĂȘme. Lorsquâun jour, quâelle ne fut pas ma surprise, de me retrouver convoquĂ© et sommĂ© de me prĂ©senter Ă mon oncle qui commandait Ă lâĂ©poque la base dâIstre. Il venait me dissuader de partir en Indochine. Par devant le commandant du dĂ©pĂŽt, et Ă ma grande honte, il insista pour que mon engagement soit dĂ©truit, ma dĂ©cision relevant selon lui de la folie ou du moins de lâinconscience. Sa tentative fut vaine. Lorsque le commandant me demanda de me prononcer je confirmai avec force et dĂ©termination ma dĂ©cision de mâengager Mon oncle »dis je avec une certaine vĂ©hĂ©mence, sache que je ne reviendrai pas sur un choix que jâai fait Ă titre personnel et sans contrainte; câest un acte rĂ©flĂ©chi et dĂ©finitif ». Je demeurai donc au bas-fort Saint Nicolas duquel je voyais passer et repasser les petits pĂȘcheurs marseillais. Jusquâau jour oĂč enfin je vis figurer mon nom sur la liste de dĂ©part. Une immense joie mâenvahit alors mĂȘlĂ©e dâun certain soulagement car la crainte dâĂȘtre refoulĂ© ne mâavait pas quittĂ© durant toutes ces journĂ©es passĂ©es ici. Je peux dire que jâĂ©tais fier dâĂȘtre reconnu moralement apte Ă servir la LĂ©gion! Chapitre 2 Un sĂ©jour Ă Sidi Bel AbbĂšs AprĂšs 36 heures de voyage sur un vieux rafiot, le Sidi Brahim»,je dĂ©couvrais pour la premiĂšre fois lâ 23 ans. Je rejoignis Sidi Bel AbbĂšs par le train, retrouvant lĂ un contingent de 500 hommes environ qui aprĂšs examen dâaptitude devaient ĂȘtre envoyĂ©s dans les diffĂ©rents rĂ©giments de la LĂ©gion pour huit mois dâinstruction. Pour ma part, je fus affectĂ© dans un rĂ©giment de cavalerie, au quartier Dimitri Amilakvari » oĂč trĂšs vite je fus apprĂ©ciĂ© pour mes compĂ©tences de bon tireur. Cette Ă©valuation me conduisit Ă lâĂ©quipage dâun char dâassaut en qualitĂ© de tireur de tourelle. JâĂ©tais trĂšs satisfait de mon affectation, ce poste Ă©tant sans conteste un maillon fort important de lâĂ©quipage. Par la suite, lorsquâon me proposa de faire le peloton de Caporal, je refusai avec entĂȘtement, ne tenant pas Ă prolonger mon sĂ©jour en Afrique,tant jâavais hĂąte de rejoindre lâIndochine. Durant cette longue instruction je fis la connaissance dâun compagnon de chambrĂ©e, un ancien » , rapatriĂ© dâIndochine pour raison sanitaire. Au fil des jours nous devĂźnmes de bons copains. Combien de verres de rosĂ© et de casse-croĂ»tes mâa-t-il offert au cours de nos permissions de spectacle! Il faut dire que lâimmense casernement ainsi que toutes les rĂ©sidences pour sous-officiers et officiers formaient aux trois-quarts lâenceinte de Sidi bel AbbĂšs, faisant vivre toutes ses petites Ă©choppes mais aussi les bordels et autres gourbis dont grouillait la petite banlieue. Mais rien ne remplaçait le boudin, le lard et le saucisson fabriquĂ©s par les anciens lĂ©gionnaires de notre ferme! PrĂ©cisons que ce lieu Ă vocation agricole appartenait effectivement Ă la LĂ©gion .Elle y accueillait tous les soldats qui avaient servi pendant quinze ans et se retrouvaient sans autre refuge ni famille que leur rĂ©giment. Or, mon nouveau copain, dâorigine lituanienne, prĂ©sentait une situation similaire Ă celle de ces pensionnaires » dâun genre particulier. RĂ©formĂ© pour fiĂšvre et dysenterie, il me confia un soir son dĂ©sarroi toute sa famille ayant Ă©tĂ© exterminĂ©e par lâoccupation russe, il ne savait oĂč aller Ă la sortie, sans recommandation ni connaissances. TouchĂ© par une telle dĂ©tresse, je pris la dĂ©cision, sans le lui dire, dâĂ©crire Ă mon pĂšre, sollicitant pour lui une place de commis au sein de notre ferme familiale. La rĂ©ponse ne fut pas longue Ă venir mon copain Ă©tait attendu Ă Condamine, Ă la maison, oĂč il serait reçu chaleureusement. Quâelle ne fut pas la joie de mon compagnon lituanien auquel je dus faire lecture de la missive paternelle Ă plusieurs reprises il nâen croyait pas ses oreilles! jâavais devant moi un homme comblĂ© de bonheur. DĂšs lors, il ne cessa de me gratifier, sacrifiant sa solde dans les bouges de Sidi Bel AbbĂšs Il resta jusquâau bout un copain exemplaire et reconnaissant. Durant ces huit mois dâinstruction Ă Sidi Bel AbbĂšs mon oncle , persĂ©vĂ©rant dans ses intentions Ă mon Ă©gard, me fit une nouvelle visite inopportune. Au bureau du Commandant, le dĂ©pĂŽt commun de la LĂ©gion Ă©trangĂšre, il me fit convoquer. Cette fois, il Ă©tait accompagnĂ© de son beau-frĂšre. Tous deux Ă©taient venus spĂ©cialement en avion pour mâinciter une fois de plus Ă quitter lâarmĂ©e. Aujourdâhui encore je nâai toujours pas compris la raison dâun tel acharnement ... Cette confrontation que je vivais comme un affront fut beaucoup plus dure que la prĂ©cĂ©dente. Jâavais lâimpression dâĂȘtre lâobjet dâune vĂ©ritable machination.... Comme un candidat devant un jury, je dus convaincre le commandant de ma motivation en rĂ©affirmant mon choix avec force et sur la valeur emblĂ©matique de mon engagement Ă la LEGION la parole donnĂ©e dâun lĂ©gionnaire ne se reprenait pas. Le Commandant fut sensible Ă mes propos et ajouta en acquiescant que tout acte signĂ© devait ĂȘtre honorĂ©. AprĂšs cette ultime mise au point je quittai donc mon oncle et son beau-frĂšre. Nos adieux, dans le grand quartier Vienot, furent trĂšs froids. Pour ma part, je dois dire que je laissai libre cours Ă ma colĂšre Ne te mĂȘle plus jamais de mes affaires »dis-je Ă mon oncle ajoutant avec la fougue de ma jeunesse je nâai de leçons Ă recevoir de personne! ». Je crois mĂȘme Ă ce moment lâavoir traitĂ© dâofficier dâopĂ©rette! Heureusement, ma fin dâinstruction approchait et je nâavais quâune hĂąte partir enfin pour lâIndochine! Imaginez alors la dĂ©ception qui fut la mienne lorsquâun lieutenant mâannonça un matin que je nâĂ©tais pas prĂ©vu pour le prochain convoi mon instruction devait se prolonger afin que jâapprenne le morse car Ă©tant dâorigine française, on me rĂ©servait le rĂŽle de radio. A cette annonce mon sang ne fit quâun tour! Je pressentais aussi confusĂ©ment que mon oncle pouvait ĂȘtre Ă lâorigine de cette dĂ©cision. La colĂšre me fit alors accomplir un geste que je devais regretter par la suite. Exprimant Ă ma maniĂšre un furieux refus, jâadministrai au Lieutenant un direct du droit dans la mĂąchoire; il alla sâeffondrer quelques mĂštres plus loin. CâĂ©tait le seul moyen que jâavais trouvĂ© pour partir! Evidemment , la sanction fut immĂ©diate j'Ă©copai de trois semaines de parc Ă autruches ». Certes, jâĂ©tais puni mais je savais quâaprĂšs on allait mâexpĂ©dier pour lâExtrĂȘme Orient ! Ce que je ne savais pas encore Ă ce moment lĂ câest ce quâallait ĂȘtre exactement ma punition et il faut bien dire que ce parc Ă autruches » nâĂ©tait pas une partie de plaisir! Dernier maillon disciplinaire avant le pĂ©nitencier de Colomb-BĂ©char, la punition en ce lieu consistait dâabord Ă ĂȘtre enfermĂ© seul dans une taule de 5 m2, un bas flanc bĂ©tonnĂ© en guise de couchette. Matin, midi et soir un petit rĂ©gal consistant en une soupe dâeau chaude accompagnĂ©e de ses petits croĂ»tons Ă©tait servi. Ce repas devait ĂȘtre pris au garde Ă vous, face au mur, le front appuyĂ© sur moindre geste Ă©tait rĂ©primĂ© dâun coup de cravache sur les reins. Le reste du temps, câest Ă dire toute la journĂ©e, il fallait courir au pas de gymnastique, Ă petites foulĂ©es et sans interruption, sauf une pause trĂšs brĂšve Ă midi. Le parc sâĂ©talant sur 5000m2 Ă©tait murĂ© et grillagĂ© sur une hauteur de 4m environ. La piste en faisait le tour et au milieu sâĂ©tendait un grand bassin dâeau dans lequel on avait dressĂ© 10 cm de tessons de bouteilles cassĂ©es. Notre course infernale Ă©tait contrĂŽlĂ©e par des bergers allemands fort bien dressĂ©s sous la bonne garde de quatre lĂ©gionnaires. Comme vous lâimaginez la moindre dĂ©faillance pouvait ĂȘtre trĂšs douloureuse... Mais mĂȘme en ce lieu, je ne cessais de rĂȘver Ă un avenir plein de promesses et de suspens... Bien sĂ»r, la grande aventure commençait assez mal mais ma peine prenait fin et je dois reconnaĂźtre que jâassumais tout cela parfaitement . JâĂ©tais passionnĂ© et fougueux, avide dâaction et de dĂ©foulement. Peut-ĂȘtre essayais-je aussi dâoublier une adolescence marquĂ©e par la brutalitĂ© dâun pĂšre trop autoritaire et la froideur dâune mĂšre dont je ne ressentais pas l'amour. Mais ma chĂšre grand-mĂšre et ma tante TITA restaient dans mon coeur et mâoffraient comme une protection bĂ©nie dans les Ă©preuves prĂ©sentes et Ă venir... Chapitre 3 En avant pour lâaventure ! AprĂšs le parc Ă autruches », je fus envoyĂ© en Indochine mais toujours sous mesure fus donc accompagnĂ© en train jusquâĂ Bizerte par un sous-officier et deux lĂ©gionnaires en arme. Nous Ă©tions en juillet 1949. A Bizerte jâembarquai sur Le MarĂ©chal Joffre » . A son bord mâattendait Ă nouveau un drĂŽle dâaccueil je fus aussitĂŽt mis au mitard par le commandant du dĂ©tachement. Je croupis donc pendant les premiĂšres quarante huit heures dans un cachot, en fond de cale et dans le noir absolu. Quand on jugea bon de me sortir de ce trou Ă rats, je fus placĂ© Ă lâoffice de lâĂ©quipage. On me signifia alors clairement que je demeurerais Ă cette place et sous lâautoritĂ© du postal agent responsable du mess pendant toute la traversĂ©e; je fis donc lâexpĂ©rience du travail de plongeur pendant ces vingt six jours . Et je dois dire que cela ne me dĂ©plaisait pas. Le postal, dâorigine sĂ©nĂ©galaise, Ă©tait sympathique et de fort bonne moralitĂ©. En outre, ce qui nâest pas nĂ©gligeable, jâĂ©tais trĂšs bien nourri. Le bateau naviguait cap est Ă la vitesse de quinze noeuds environ. Le nettoyage et la plonge ne me prenaient que quelques heures. Le reste du temps jâadmirais la mer et ses poissons volants par lâun des quatre hublots du mess. Quelques fois, je pouvais aussi contempler le lever ou le coucher du soleil. La nuit, je dormais sur une table, enroulĂ© dans une simple couverture car on mâavait formellement interdit de quitter mon poste un seul instant. Quoiquâil en soit cette mission nâĂ©tait pas dĂ©sagrĂ©able; jâĂ©tais souvent seul car le postal sâabsentait frĂ©quemment en me laissant la surveillance du mess. Et bien souvent il mâest arrivĂ© de penser que jâĂ©tais privilĂ©giĂ© par rapport aux troupes entassĂ©es en cale. Les jours sâĂ©coulaient ainsi paisiblement quand survint un incident Ă lâescale de Djibouti. Un homme dâĂ©quipage me prit Ă partie, me faisant remarquer que son verre nâĂ©tait pas propre. Tout en mâexcusant je mâempressai de le repasser Ă la plonge et de lâessuyer mĂ©ticuleusement. Quelques instants plus tard le mĂȘme marin en claquant des doigts me fit signe de recommencer lâ mâexĂ©cutai une fois de plus et lui retournai le verre mais cette fois sans excuse. La mĂȘme scĂšne se rĂ©pĂ©ta une troisiĂšme fois et jâestimai Ă ce moment lĂ que la provocation devenait trop flagrante. Jâempoignai lâhomme par le col de son habit et lui adressai un uppercut du droit qui lâenvoya sous une table! Le postal sâinterposa alors et rĂ©ussit Ă mâisoler dans la cambuse. A la fin du service , lorsque lâĂ©quipage eut repris ses fonctions,il me sortit de lĂ et je repris mon travail, comme dâhabitude. Mais quelques instants plus tard, il revenait accompagnĂ© du commandant de dĂ©tachement. Celui-ci me somma alors de mâexpliquer sur les circonstances de cet avatar. Bon » me dit-il, pour cette fois, lâaffaire est classĂ©e;mais que ce genre dâincident ne se reproduise plus!Un peu de diplomatie que diable! » Au repas du soir je remarquai que lâhomme dâĂ©quipage Ă©tait trĂšs marquĂ© au visage mais aussi que tout dans son comportement trahissait ostensiblement la gĂȘne et mĂȘme, je crois pouvoir le dire , la honte; peut-ĂȘtre plus dâailleurs vis Ă vis de ses camarades que de moi-mĂȘme... Je lui fis remarquer avec beaucoup de diplomatie » et un brin dâarrogance que je pourrais aisĂ©ment me passer de ses excuses. Quelques jours aprĂšs cet incident jâeus la surprise de voir arriver trois lĂ©gionnaires au mess, lieu normalement interdit Ă la troupe. Ils avaient empruntĂ© une coursive pour arriver jusquâĂ mon poste. Ils mâapprirent que lâensemble du dĂ©tachement Ă©tait au courant de ma mĂ©saventure et aprĂšs quelques minutes de conversation les trois compĂšres mâavouĂšrent la vĂ©ritable raison de leur visite remplir de pinard le bidon quâils avaient avec eux! Devant ma rĂ©ticence, ils mâamadouĂšrent en me flattant, vantant mes exploits » et ma rĂ©putation Ă bord mon passage au mitard avait, soi-disant, fait le tour du dĂ©tachement et environ 1500 hommes attendaient de me rencontrer!Fort de cette toute nouvelle popularitĂ©, je remplis gĂ©nĂ©reusement le bidon de mes nouveaux camarades. Evidemment, lâopĂ©ration se renouvela le lendemain, le surlendemain et les jours suivants! Jâabreuvais ainsi ces lĂ©gionnaires Ă raison de quatre ou cinq litres dâalcool chaque jour. Et les lascars me promettaient la lune bien sĂ»r! Quant au postal, le brave homme fermait les yeux jamais durant toute la traversĂ©e il ne me fit une seule remarque ni ne me retira les clefs de la cambuse. Lâessentiel du dĂ©tachement dĂ©barqua Ă SaĂŻgon; le reste Ă AĂŻphong au Tonkin. Je ne devais plus jamais revoir mes compagnons au bidon. ArrivĂ© en Baie dâAlong, au point de mouillage, je fis mes adieux au postal. Avant que nous nous quittions Ă tout jamais, et comme pour lever un voile ,il me confia que le marin avec lequel je mâĂ©tais battu Ă©tait un communiste fervent qui ne pouvait admettre que des soldats français aillent tuer ses frĂšres ».A chaque traversĂ©e, il prenait Ă partie un lĂ©gionnaire bouc Ă©missaire quâil se plaisait Ă provoquer; je nâĂ©tais donc pas le premier Ă avoir dĂ» subir sa de me serrer la main le postal me regarda longuement et me dit avec un certain respect tu es le premier Ă avoir oser lui rĂ©pliquer! ».Je reçus cette confidence comme un compliment qui me rendait plus fort, prĂȘt Ă affronter lâaventure qui mâattendait Ă terre. Ainsi je dĂ©barquai en baie dâAlong avec quelques 500 hommes environ, lĂ©gionnaires, spahis, goumiers, tabors, tirailleurs sĂ©nĂ©galais, marsouins de lâinfanterie de marine, et quelques hindous originaires de Pondichery embarquĂ©s Ă Colombo. Nous fĂ»mes transfĂ©rĂ©s Ă AĂŻphong par de petites embarcations de style sampans. Câest dans ce port du Tonkin que devaient se reformer les troupes avant de rejoindre leurs unitĂ©s respectives. Durant une huitaine de jours, rassemblĂ©s dans une espĂšce de caserne dĂ©saffectĂ©e, nous attendions tous nos diffĂ©rentes affectations. Pour ma part, je reçus pour mission avec une vingtaine de camarades dâassurer le transport et la sĂ©curitĂ© des rĂ©fugiĂ©s de Tchan KaĂŻ Chek qui fuyaient le maoĂŻsme. Pendant deux semaines nous acheminĂąmes ainsi ces gens par milliers sur un vieux Liberty » de Ten-Yien Ă Canfa-Port et Canfa-Mine, petits ports industriels situĂ©s en baie dâ navette emmenait une centaine de rĂ©fugiĂ©s. AprĂšs trois heures de transfert ils embarquaient alors par leurs propres moyens , souvent sur de frĂȘles coquilles, pour lâĂźle de Formose situĂ©e Ă quelques milles de savaient que la traversĂ©e sans escale sur ces embarcations prĂ©caires serait longue, dangereuse et quâils nâatteindraient peut-ĂȘtre jamais lâĂźle. Je me souviens de ces rĂ©fugiĂ©s chinois, inquiets certes pour leur avenir incertain, mais cependant dignes et reconnaissants , nous remerciant sans cesse de lâopportunitĂ© qui leur Ă©tait nous confiaient dans un français parfait leur regret de quitter la Chine mais aussi leur choix de fuir la rĂ©pression maoĂŻste qui selon eux ferait subir au pays une purge stalinienne. Je rĂ©alisai alors Ă quel point la volontĂ© dĂ©terminante de ce peuple pouvait servir son destin. Durant lâune de ces traversĂ©es, jâeus lâoccasion dâassister Ă un Ă©vĂšnement peu banal. Nous avions remarquĂ© quâune des femmes Ă©tait enceinte et semblait fort avancĂ©e dans sa grossesse. Elle devait accoucher durant le voyage dans les conditions les plus sommaires qui soient. Son mari qui lâassistait fut remarquable dans la prĂ©cision et la maĂźtrise de ses gestes, exĂ©cutant Ă mon avis une prestation digne dâun obstĂ©tricien professionnel! Durant tout lâaccouchement, lâassistance se tenait lĂ , supportant le jeune couple en chantant et sâexclamant de joie. Inutile de vous dire que le spectacle nâĂ©tait pas commun pour nous autres europĂ©ens! Mais ce qui allait se passer dans lâheure suivante Ă©tait encore plus surprenant. ArrivĂ©s Ă Canfa-Port Ă marĂ©e basse, soit deux Ă trois mĂštres en dessous du niveau normal de la mer, nous eĂ»mes la surprise de voir dĂ©barquer la jeune mĂšre, son bĂ©bĂ© accrochĂ© dans le dos, escaladant lâĂ©chelle de montĂ©e dressĂ©e Ă la verticale, avec une agilitĂ© et une souplesse qui nous laissa tous pantois! ExceptĂ© cet heureux intermĂšde, les traversĂ©es se dĂ©roulaient plutĂŽt calmement dans ce cadre exceptionnel et majestueux de la baie dâAlong. Il fallait toutefois respecter un itinĂ©raire prĂ©cis en Ă©vitant surtout de longer les calcaires oĂč les viets embusquĂ©s auraient pu nous saluer Ă coup de rafales dâarmes plus que nous avions reçu lâordre de ne pas riposter dans ce cas! Vers la fin septembre de lâannĂ©e 1949 nous devions rejoindre Ten-Yen prĂšs de MonkaĂŻ sur la frontiĂšre de Chine afin dây ĂȘtre embarquĂ©s pour nos unitĂ©s combattantes. Câest Ă Ten-Yen que prend naissance la route coloniale n° 4, appelĂ©e RC4,jalonnant la frontiĂšre de Chine jusquâĂ Cao-Bang. Je savais que jâĂ©tais affectĂ© au 3Ăšme rĂ©giment dâinfanterie,1er bataillon,2Ă©me compagniejâavais donc lâinsigne honneur dâappartenir au plus ancien rĂ©giment de la LĂ©gion Ă©trangĂšre auparavant appelĂ© RMLERĂ©giment de Marche de la LĂ©gion EtrangĂšre. Je ne vous rappellerai pas que le 3Ăšme REI est actuellement le rĂ©giment le plus dĂ©corĂ© avec 16 citations juste aprĂšs le RICM RĂ©giment dâInfanterie Colonial Marocain qui peut sâenorgueillir de 17 citations. Câest aussi le seul rĂ©giment de France auquel a Ă©tĂ© attribuĂ© la fourragĂšre avec aiguillette. Chapitre 4 Sur la RC4, direction Cao-Bang Lâinfanterie me passionnait. Jâaimais les armes Ă feu et lâodeur de la poudre brĂ»lĂ©e. Cette passion avait commencĂ© Ă lâĂąge de quatorze ans environ . On avait offert Ă mon oncle durant sa carriĂšre militaire un Ă©tui de cinq pistolets, et ces armes me fascinaient. Combien de fois en ais-je saisi une Ă la dĂ©robĂ©e pour aller mâexercer dans le petit bois de mon village muni dâun chargeur rempli de balles! Je me souviens encore des deux cibles que jâavais fabriquĂ©es et sur lesquelles jâavais dessinĂ© des cercles soigneusement colorĂ©s. Jâentretenais mĂ©ticuleusement ces grand-mĂšre mâayant surpris un jour dans ce travail, je mâempressai de la rassurer en lui expliquant quâil fallait Ă tout prix nettoyer ces pistolets afin de les prĂ©server de la rouille! Je ne sais si elle mâa cru mais devant mon habiletĂ© Ă dĂ©monter, graisser, huiler et remonter lâarme, jâai vu lâinquiĂ©tude disparaĂźtre de son regard. Cette adresse me fut dâailleurs fort utile quelques annĂ©es plus tard, au maquis. Mais ici, sur la frontiĂšre de Chine, ces souvenirs de prime jeunesse me paraissaient bien lointains! De Ten-Yen nous nous engageĂąmes donc sur cette RC4 embarquĂ©s dans des convois de camions montant sur Cao-Bang Plus nous avancions sur ces terres du Haut-Tonkin et plus mon excitation grandissait. Tout me troublait et mâenchantait Ă la fois les parfums dâĂ©pices orientales mĂȘlĂ©s aux odeurs de poissons sĂ©chĂ©s, les paysans que nous croisions et qui conduisaient Ă la baguette des bandes de canards jusquâau ruisseau et surtout cette forĂȘt dense et magique qui recouvrait parfois le chemin. Je me sentais heureux de vivre et de dĂ©couvrir ce nouveau monde aux moeurs si diffĂ©rentes des nĂŽtres. Ainsi nous suivions cette route sillonnante, avec ses cols, ses vallĂ©es, ses guĂ©s et bien sĂ»r ses villages qui me semblaient Ă©tranges et familiers Ă la fois Langson, Dong-Dang, Nacham, Bo-Cung, Long-VaĂŻ, Tchak-Khe... A chaque escale lâaccueil des villageois Ă©tait chaleureux et toujours aimable. Lorsque nous nous arrĂȘtions pour une nuit, nous Ă©tions reçus chez lâhabitant qui , outre le gĂźte, nous offrait ses meilleurs plats et son hospitalitĂ© gĂ©nĂ©reuse et enthousiaste. Ma fougue et ma passion croissaient au fil des jours. Bien sĂ»r, pendant notre parcours nous avions essuyĂ© plusieurs coups de feu mais le caractĂšre sporadique de ces attaques laissait supposer quâelles Ă©taient lâoeuvre de petits groupes isolĂ©s et donc non dangereux;du moins Ă©tait-ce lâavis de nos partisans qui jalonnaient la route assurant lâouverture du convoi et sa protection. Nous avions appris Ă reconnaĂźtre ces tirs au coup par coup Ă leur son sourd et prolongĂ© qui trahissait des armes anciennes ou de fabrication artisanale. Inconsciemment, nous vivions ces Ă©pisodes comme Ă©tant inĂ©vitables et naturels; nous avions reçu lâordre de ne pas riposter, notre intervention sur ce territoire relevant dâune politique de pacification et peut-ĂȘtre nâenvisagions nous pas encore ces tirs comme de rĂ©elles attaques ennemies... Nous Ă©tions loin dâimaginer ce qui allait se passer par la suite A notre arrivĂ©e Ă Cao-Bang , un accueil moins courtois que celui des villageois mâattendait je fus immĂ©diatement interpellĂ© par la police militaire et emmenĂ© manu militari dans une prison de droit commun . LĂ , sans autre forme de procĂšs et sans aucune explication je fus jetĂ© dans une taule infĂąme oĂč croupissaient des dizaines de civils, hommes, femmes et enfants tous entassĂ©s, couchant par terre sur des nattes pourries par lâhumiditĂ©. Une petite lucarne laissait passer une lĂ©gĂšre clartĂ© dans ce taudis moite et fĂ©tide. Dans un recoin une installation rudimentaire servait aux besoins naturels et envahissait la piĂšce de reflux pestilentiels. En guise de repas on nous apportait du riz avec de lâeau et tout le monde mangeait dans la mĂȘme gamelle. Jâai dĂ» vivre dans ce cachot plusieurs jours avec des gens dont je ne comprenais pas la langue et qui dâailleurs mâignoraient. Je nâai jamais su la raison de cette punition. A ma sortie certains murmurĂšrent quâil sâagissait dâune erreur! Une fois dehors on mâordonna de couper du bois pour lâune des roulantes et ce dans lâattente de mon affectation Ă la 2Ăšme compagnie qui Ă©tait en train de battre retraite de Bakan et de Phu Long Tonc. En ces lieux les troupes avaient dĂ» combattre une importante attaque viet, premier avertissement de la part de lâennemi qui se positionnait ainsi stratĂ©giquement dans une zone qui allait devenir la fameuse route HĂŽ-Chi-Minh » qui servirait plus tard Ă lâoffensive de DiĂȘn-BiĂȘn-Phu. A partir de ce moment , câest Ă dire dĂšs septembre 1949, et jusquâĂ Mai 1954, ce secteur occupĂ© par lâennemi ne fut jamais contrĂŽlĂ© ni surveillĂ© par les forces comprend dĂšs lors comment les viet-minh encadrĂ©s par les chinois ont pu sans grande difficultĂ© organiser leur ultime combat qui conduisit Ă leur conquĂȘte de 1954! Au retour donc de toutes ces unitĂ©s, lĂ©gionnaires, tabors, goumiers et tirailleurs sĂ©nĂ©galais affluĂšrent sur Cao-Bang et je pus enfin intĂ©grer la 2Ăšme compagnie en qualitĂ© de tireur au fusil mitrailleur. Cette arme, un 24/29, ne me quittera plus jusquâĂ la fin de mon sĂ©jour en numĂ©ro matricule,18 372, est restĂ© Ă jamais gravĂ© dans ma mĂ©moire. Il faut dire que ce fusil mitrailleur faisait ma fiertĂ© au sein de lâĂ©quipe,tous des anciens, engagĂ©s trois ans avant moi. Plus tard, lorsque je demandai Ă mon chef de groupe pourquoi lâon mâavait confiĂ© la responsabilitĂ© dune arme collective, il me rapporta que câĂ©tait au vu des rĂ©sultats que jâavais obtenus lors de mon instruction Ă Sidi Bel AbbĂšs. Je dus tester mon FM dans tous ses dĂ©tails car on savait Ă cette Ă©poque que certaines armes Ă©taient tout simplement sabotĂ©es par nos compatriotes français et communistes Ă lâusine de fabrication de Tulle... A ce moment , jâignorais encore qui Ă©tait mon Capitaine de Compagnie;jâessayais simplement de comprendre ce qui ce passait dans ce secteur de lâIndochine oĂč semblait rĂ©gner le plus grand dĂ©sordre. Chapitre 5 Un hiver sur le col de Long PhaĂŻ Ma compagnie fut finalement affectĂ©e Ă la protection des convois montant sur Cao-Bang et particuliĂšrement au col de Long PhaĂŻ, lâun des endroits les plus meurtriers de la RC4. Le passage du col se faisait par une route escarpĂ©e dans les calcaires et coiffĂ©e dâune brousse intense permettant Ă peine le passage des autour , nous distinguions les grottes qui servaient de refuges aux viets. Cao-bang qui, avec sa citadelle, se trouvait ĂȘtre le lieu le plus avancĂ© du Nord Tonkin, Ă©tait donc ravitaillĂ© au rythme de deux convois par semaine; ce nâest que bien plus tard que les liaisons purent se faire par voie aĂ©rienne. Cette place, stratĂ©giquement bien fortifiĂ©e, Ă©tait dĂ©fendue par plusieurs unitĂ©s combattantes lĂ©gionnaires, tabors, goumiers, tirailleurs ces forces figurait un bataillon du 3Ăšme REI, les autres se trouvant en poste ou en intervention. Lâhiver arriva sur le col de Long PhaĂŻ La capote Ă©tait dĂ©sormais nĂ©cessaire, particuliĂšrement la nuit, pendant nos tours de garde. Durant ces moments oĂč nous nous sentions parfois si seuls, nous apprenions Ă dĂ©couvrir la faune qui nous environnait...Ainsi nous nous amusions des coassements du crapaud-buffle, particuliĂšrement bruyants dans la nuit. Jusquâau jour oĂč survinrent diffĂ©rents faits de guerre auxquels nous nâĂ©tions pas prĂ©parĂ©s et qui nous valurent malheureusement la perte de quelques sentinelles. Lâennemi sâorganisait dans la rĂ©gion quâil venait de conquĂ©rir. Câest avec ruse quâil nous surprit Ă maintes reprises en rampant jusquâĂ nous dans la nuit tout en imitant les bruits les plus proches; il poignardait alors le soldat de garde pour sâemparer de son arme avant de sâenfuir. Pour parer Ă ces attaques nocturnes notre capitaine dĂ©cida rapidement de renforcer les sentinelles en les plaçant dos Ă dos ce qui sâavĂ©ra trĂšs efficace. Nous commencions Ă suspecter les habitants des villages qui nous entouraient. Du laboureur avec son buffle jusquâau balancier qui nous transportait, tous pouvaient ĂȘtre nos ennemis ou invisibles le jour, parfois blottis dans les calcaires, ils se transformaient en tueurs silencieux la nuit. Cette guĂ©rilla sournoise commençait Ă nuire au moral des troupes. Qui plus est, la gĂ©ographie et la configuration des lieux ne nous facilitaient pas la tĂąche. Ainsi, il nous arrivait dâĂȘtre pris en enfilade , coincĂ©s dans les calcaires, ne pouvant ni avancer ni venait alors en les mitraillages de ces avions bombardiers BIER4 Ă lâentrĂ©e des grottes nâĂ©taient dâaucune efficacitĂ© et dâimpact nul tant sur le plan offensif que dĂ©fensif. DĂšs la fin de lâattaque aĂ©rienne, lâennemi sortait des calcaires pour reprendre sa cadence au nâest quâĂ la tombĂ©e de la nuit que nous pouvions nous sortir du guĂȘpier. Câest Ă cette pĂ©riode que notre commandant de compagnie fut rapatriĂ© et remplacĂ© par le cĂ©lĂšbre Capitaine Mattei qui arrivait pour un deuxiĂšme sĂ©jour. Lâhomme, plutĂŽt petit et trapu, Ă©tait vif et rapide dans ses dĂ©cisions mais surtout il sâavĂ©ra ĂȘtre un officier totalement atypique et anticonformiste. Homme dâexception avec un fort charisme, il Ă©tait un baroudeur nĂ©, anti-rond de jambes », nâayant que faire des Etats -majors et de leurs ordres donnĂ©s. Durant tout ce temps passĂ© sous ses ordres, jâallais apprendre Ă le dĂ©couvrir et Ă le respecter. En cet hiver 1949-1950, les combats sĂ©vissaient donc sur le col de Long PhaĂŻ qui, rappelons le, Ă©tait un point stratĂ©gique de la RC4 il sâagissait pour le viet dâempĂȘcher au maximum le passage des convois afin de nuire au ravitaillement de la citadelle Ă Cao-Bang. La technique guerriĂšre de lâennemi consistait en une stratĂ©gie futĂ©e organisĂ©e en commandos. AprĂšs avoir attaquĂ© et brĂ»lĂ© les camions, il laissait les blessĂ©s aux bons soins des brigades de la mort ». Ces unitĂ©s composĂ©es de femmes endoctrinĂ©es et droguĂ©es avaient pour mission de terminer le travail elles se ruaient sur les vĂ©hicules enflammĂ©s avec une bouteille dâessence au goulot de laquelle Ă©tait fixĂ©e une grenade incendiaire; puis au milieu des flammes et Ă lâaide dâun coupe-coupe, elles tranchaient les testicules des blessĂ©s ou des corps sans vie pour les leur placer dans la barbarie accomplie, elles disparaissaient dans la brousse. Les vĂ©hicules incendiĂ©s Ă©taient alors poussĂ©s dans le ravin et ce quâil en restait faisait lâobjet dâun vĂ©ritable pillage. En gĂ©nĂ©ral, la tĂȘte du convoi Ă©chappait Ă lâassaut mais chaque attaque nous faisait perdre environ le tiers de nos camions... sans compter les pertes humaines! Ne pouvant faire demi-tour sur cette route, lâescorte affaiblie et les chauffeurs, survivants et blessĂ©s, tous se repliaient dans la jungle qui, fort heureusement, permettait de se retrancher en se camouflant relativement bien. Jâeus moi-mĂȘme lâoccasion dâen faire lâexpĂ©rience. Plein de hardiesse et dâinconscience je mâĂ©tais avancĂ© ce jour lĂ seul sur la route, dans lâattente dâun convoi. Les brigades de la mort » ne furent pas longues Ă se jeter Ă mes trousses en hurlant leurs cris de guerre. AussitĂŽt, jâeus le rĂ©flexe de vider sur elles les quatre chargeurs de mon arme automatique. Certaines tombĂšrent mais les autres redoublĂšrent de hargne dans leur folie meurtriĂšre. Je dus mâenfuir en courant dans les broussailles pour me blottir derriĂšre deux gros rochers en tenant serrĂ©e contre moi mon arme dĂ©pourvue de munitions! Certes, jâavais encore quatre grenades offensives accrochĂ©es Ă mon ceinturon, mais je nâen menais pas large! AprĂšs le passage du convoi, lorsque le calme fut revenu, je pus rejoindre ma section. Tous me croyaient disparu. Evidemment, on ne me fĂ©licita pas pour cet acte de bravoure » ni pour ma folle initiative car, est-il utile de vous le prĂ©ciser, je mâĂ©tais passĂ© de lâautorisation de mon chef. Les opĂ©rations de piratage dont nous Ă©tions victimes avaient bien sĂ»r pour but de nous affaiblir mais aussi de faire main basse sur lâarmement et nos munitions que lâennemi convoitait particuliĂšrement. Les carcasses de nos camions incendiĂ©s et pillĂ©s gisaient dans un prĂ©cipice de plusieurs dizaines de mĂštres dâoĂč sâĂ©chappait continuellement lâodeur des corps en dĂ©composition et des marchandises mal viets y rĂ©cupĂ©raient tout ce qui pouvait ĂȘtre utile. Une certaine escapade me fit approcher de trĂšs prĂšs ces pirates... Alors que le froid sĂ©vissait avec rudesse sur le col de Long PhaĂŻ, mes camarades et moi fĂ»mes pris un soir dâune irrĂ©sistible envie de boire du vin... AprĂšs un tirage au sort, je fus dĂ©signĂ© pour la corvĂ©e des grands crus! Ma mission consistait Ă descendre au fond du ravin avec plusieurs bidons accrochĂ©s au ceinturon afin de remplir ceux-ci du prĂ©cieux breuvage. ArrivĂ© en bas aprĂšs environ une demi-heure dâescalade, je distinguai des chuchotements dans la nuit; des faisceaux de lampes torche balayaient le sol jonchĂ© de denrĂ©es et de matĂ©riel brĂ»lĂ©s. Au bruit du liquide transvasĂ©, je compris que des pirates Ă©taient en train de grappiller ce que je venais moi-mĂȘme chercher! Toujours tapi dans lâobscuritĂ©, jâattendis leur dĂ©part. Je trouvai alors un fĂ»t Ă©ventrĂ© mais qui contenait encore de cet Ă©lixir tant convoitĂ©! Mes bidons remplis, je remontai rejoindre mes camarades qui mâaccueillirent en hĂ©ros! Le rĂ©cit de lâaventure et le vin nous maintint Ă©veillĂ©s toute la nuit. Nous ne nous lassions pas de commenter cette rencontre inattendue qui aurait pu mâĂȘtre fatale. Il faut dire que les pirates Ă©taient trĂšs nombreux dans cette rĂ©gion qui sĂ©pare Langson de Cao-Bang. Descendants des ThaĂŻs-Bleus, dĂ©nommĂ©s les Pavillons Noirs », ils Ă©taient connus pour leurs qualitĂ©s de chasseurs de fauves et de combattants intrĂ©pides. Lâennemi sâorganisait au fil des jours et constituait son armĂ©e avec lâaide de ses alliĂ©s ou sympathisants. La Chine fournissait lâencadrement et les soldats; Moscou assurait lâarmement et les munitions, quand celles-ci nâĂ©taient pas anglaises, amĂ©ricaines ou mĂȘme françaises!!! Ainsi, pendant mon sĂ©jour dans le Haut-Tonkin, j'appris que Le Pasteur » avait Ă©tĂ© arraisonnĂ© par les services secrets du GĂ©nĂ©ral Jacquin, le navire transportant une importante cargaison d'armes d'infanterie et de munitions destinĂ©es Ă l'ennemi. Je ne sus jamais ce qu'il Ă©tait advenu du Pacha mais son bateau fut immobilisĂ© pendant plusieurs semaines dans la baie d'along. Moi-mĂȘme, j'ai rĂ©cupĂ©rĂ© plusieurs fois, Ă l'occasion d'embuscades, des armes ultra-rĂ©centes grenades, mitraillettes, fusils mitrailleurs... toutes provenant de la manufacture de Tulles et destinĂ©es aux soldats de HĂŽ Chi Minh... Quoi qu'il en soit,de notre cĂŽtĂ©, le col de Long-PhaĂŻ Ă©tait bien couvert militairement. -Lâartillerie française avait la rĂ©putation dâĂȘtre lâune des meilleures du en tout cas lâavis de mes camarades lĂ©gionnaires qui avaient dĂ©jĂ combattu sur bien des Ă©tait vĂ©nĂ©rĂ©e des anciens de Russie, du front de lâAtlantique et de lâAfrica Corps. A une distance de 12 ou 15 kilomĂštres elle pouvait, grĂące Ă un rĂ©glage parfait pilonner un point dĂ©terminĂ© Ă une centaine de mĂštres de nos troupes. Elle nous sauva Ă maintes reprises de situations extrĂȘmement pĂ©rilleuses grĂące Ă la prĂ©cision de ses tirs. -Tel nâĂ©tait pas le cas de lâaviation dont nous craignions les erreurs dâobjectifs Ă lâapparition des chasseurs bombardiers venant en renfort, nous nous camouflions de peur de leur servir de cibles! -Les Marsouins,commandos parachutĂ©s de lâinfanterie de marine, nous vinrent aussi en aide bien des fois au Tonkin combien moururent avant mĂȘme de toucher le sol, leur parachute transpercĂ© par des rafales de mitrailleuses ou leur corps venant sâempaler sur des bambous Ă lâatterrissage. Lors de lâune de leurs interventions, jâeus le plaisir dâĂȘtre conviĂ© Ă boire le champagne par trois dâentre eux, lâun des Marsouins ayant placĂ© une bouteille dans son barda avant son dĂ©part. Au moment de se quitter, nous dĂ©coupĂąmes le bouchon en quatre parties Ă©gales en y indiquant la date et en se faisant la promesse de conserver ce tĂ©moin dâun moment fort et insolite passĂ© ensemble. Je dĂ©tiens toujours ce petit bout de souvenir dans mes reliques. A ce jour, il nâa pas retrouvĂ© ses trois autres parties... Du cĂŽtĂ© des viets, lâorganisation guerriĂšre commençait Ă sâavĂ©rer extrĂȘmement efficace ; leurs rĂ©centes conquĂȘtes de Ba-Khan et de Chu-Tong-Hoa pouvaient en tĂ©moigner. Si certains bataillons Ă©taient peu armĂ©s , dâautres lâĂ©taient davantage, notamment ceux qui Ă©taient formĂ©s en Chine oĂč Giap, chef suprĂȘme de lâarmĂ©e dâHĂŽ Chi Minh, prĂ©parait son offensive sur toute la rĂ©gion nord-ouest du Tonkin. Sur le col de Long PhaĂŻ nous continuions Ă prĂ©server lâouverture de la RC4 vers Cao-Bang en repoussant les assauts des attaques partisanes qui au fil des jours devenaient presque routiniĂšres! RĂ©guliĂšrement, nous avions droit Ă quelques parachutages de munitions et de vivres de campagne...Je me souviens de cette fameuse ration Pacific » contenant le corned-beef ou les sardines,les biscuits de soldat, la limonade en poudre, le paquet de cigarettes, la dose de quinine et le sachet de dĂ©sinfectant pour lâeau .Notons que ces comprimĂ©s Ă©taient indispensables, particuliĂšrement quand nous devions remplir nos bidons dâeau rĂ©cupĂ©rĂ©e dans des trous Ă buffles. Lorsque le ravitaillement faisait dĂ©faut nous vivions de la nourriture que nous offraient gĂ©nĂ©reusement les villageois dont lâattitude ne nous semblait pas hostile. Nous constations que les villages nâĂ©taient peuplĂ©s que de vieillards, de femmes et dâenfants... Mais nous savions que des hommes Ă©taient sans doute camouflĂ©s aux alentours et particuliĂšrement dans les souterrains qui constituaient de vĂ©ritables labyrinthes oĂč se jouait la guerre secrĂšte dâIndochine. Les villageois dans la force de lâĂąge Ă©taient enrĂŽlĂ©s dans lâarmĂ©e du GĂ©nĂ©ral Giap. EncadrĂ©s par des formateurs chinois, ces soldats Ă©taient endoctrinĂ©s jusquâau fanatisme. Mais je pense que cette armĂ©e Ă©tait aussi constituĂ©e Ă 50% de femmes qui formaient notamment les fameuses brigades de la mort. Sur la RC4, les assauts rĂ©pĂ©tĂ©s de lâennemi attaquant les convois commençaient Ă fragiliser de plus en plus la place forte de Cao-Bang. Le ravitaillement nâarrivait plus, les munitions se faisaient de plus en plus rares alors mĂȘme que la citadelle regroupait quelques 3000 hommes toutes armes confondues sous lâautoritĂ© de Charton. That-Khe , autre place forte situĂ©e entre Langson et Cao-Bang, Ă©tait sous lâautoritĂ© de Lepage Alors que HanoĂŻ Ă©tait le haut Ă©tat-major, Langson Ă©tait un sous Ă©tat -major supervisant essentiellement les activitĂ©s du Haut-Tonkin. En Indochine Ă cette Ă©poque, la LĂ©gion Ă©trangĂšre Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par le 3Ăšme REI ainsi que par un bataillon du train et deux bataillons de parachutistes basĂ©s dans la banlieue dâHanoĂŻ. Mais les forces armĂ©es Ă©taient aussi constituĂ©es de troupes rĂ©guliĂšres telles que le CTM/CO, les 1er, 3Ăšme et 11Ăšme tabors, une unitĂ© de parachutistes Thos, le 3Ăšme BCPC, le 1er chasseur ainsi que le 21Ăšme rĂ©giment dâinfanterie pas lâarmĂ©e de lâair, les services de santĂ© ainsi que les transmissions et matĂ©riel du GĂ©nie. PrĂ©cisons quâen cette annĂ©e 1949-1950 , la LĂ©gion Ă©tait essentiellement formĂ©e de soldats du 3Ăšme REICH, vĂ©ritables professionnels de la guerre ayant combattu sur tous les fronts de la Seconde guerre mondiale. A suivre ...
Etune grande part de ceux qui sont venus dâAfrique, Ă©taient des musulmans. Câest cette vĂ©ritĂ© simple que je suis venu rappeler aujourdâhui pour que personne nâoublie ou pire mĂȘme, pour que personne nâocculte cette vĂ©ritĂ©. Câest aux enfants de ceux qui sont venus combattre sur notre sol, un sol oĂč ils nâĂ©taient pas nĂ©s, que je tiens Ă mâadresser aujourdâhui. Pour qu
Bernard Lugan, universitaire africaniste, historien, Ă©crivain⊠⊠Dans la grande entreprise de réécriture de lâHistoire de France par les partisans du Grand Remplacement », la PremiĂšre Guerre mondiale, et plus particuliĂšrement la bataille de Verdun, constituent un argument de poids. Son rĂ©sumĂ© est clair les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont donc des droits sur nous. VoilĂ qui explique pourquoi ces ardents dĂ©fenseurs du vivre ensemble » que sont MM. Samuel Hazard, maire socialiste de Verdun, et Joseph Zimet, Ă la ville Ă©poux de Madame Rama Yade et en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, ont voulu mettre le sacrifice de millions de Poilus au service de leur idĂ©ologie. Laissons donc parler les chiffres * 1 Effectifs français mĂ©tropolitains et coloniaux â Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisĂ©s, soit 20% de la population française totale. â Parmi ces 7,8 millions de Français figuraient Français dâAlgĂ©rie, soit environ 20% de la population pied-noire ». â Les pertes françaises furent de morts, soit 16,67% des effectifs. â Les pertes des Français dâAlgĂ©rie furent de morts, soit 16,44% des effectifs. 2 Effectifs africains Spahi algĂ©rien, PremiĂšre guerre mondiale. â LâAfrique fournit dans son ensemble hommes, soit 5,22% de lâeffectif global de lâarmĂ©e française. â Sur ces hommes, Ă©taient des indigĂšnes » originaires du Maroc, dâAlgĂ©rie et de Tunisie, soit 2% de la population de ces trois pays. â Sur ces hommes, on comptait AlgĂ©riens, soit 2,28% de tous les effectifs français. â LâAfrique noire fournit, quant Ă elle, hommes, soit 1,6% de la population totale et 2,42% des effectifs français. â Les pertes des unitĂ©s nord-africaines furent de hommes, soit 16,47% des effectifs. â Sur ces morts, Ă©taient algĂ©riens. Les pertes algĂ©riennes atteignirent donc des effectifs mobilisĂ©s ou engagĂ©s. â Les chiffres des pertes au sein des unitĂ©s composĂ©es dâAfricains sud-sahariens sont imprĂ©cis. Lâestimation haute est de morts, soit 18,51% des effectifs ; lâestimation basse est de morts, soit Pour importants quâils soient, ces chiffres contredisent donc lâidĂ©e reçue de chair Ă canon » africaine. Dâailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les rĂ©giments coloniaux, quâils fussent composĂ©s dâEuropĂ©ens ou dâAfricains. Des Africains ont donc courageusement et mĂȘme hĂ©roĂŻquement participĂ© aux combats de la Grande Guerre ». Gloire Ă eux ! Cependant, compte tenu des effectifs engagĂ©s, il est faux de prĂ©tendre quâils ont permis Ă la France de remporter la victoire. Un seul exemple le 2e Corps colonial engagĂ© Ă Verdun en 1916 Ă©tait composĂ© de 16 rĂ©giments. Les 2/3 dâentre eux Ă©taient formĂ©s de Français mobilisĂ©s, dont 10 rĂ©giments de Zouaves composĂ©s trĂšs majoritairement de Français dâAlgĂ©rie, et du RICM RĂ©giment dâinfanterie coloniale du Maroc, unitĂ© alors trĂšs majoritairement europĂ©enne. Autre idĂ©e reçue utilisĂ©e par lâidĂ©ologie dominante ce serait grĂące aux ressources de lâAfrique que la France fut capable de soutenir lâeffort de guerre. Cette affirmation est Ă©galement fausse car, durant tout le conflit, si la France importa six millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire, elle en importa 170 millions du reste du monde. Conclusion Durant la guerre de 1914-1918, lâAfrique fournit Ă la France 3,5% de toutes ses importations et 5,22% de ses soldats. Ces chiffres sont respectables et il nâest naturellement pas question de les nĂ©gliger. Mais prĂ©tendre quâils furent dĂ©terminants est un mensonge doublĂ© dâune manipulation. Bernard Lugan 13/05/2016 * Les rĂ©fĂ©rences de ces chiffres sont donnĂ©es dans mon livre Histoire de lâAfrique du Nord des origines Ă nos jours, Le Rocher, en librairie le 2 juin 2016. Correspondance PolĂ©mia â 14/05/2016 Image ArrivĂ©e de spahis Ă Douai, en septembre 1914.
LArmĂ©e d'Afrique, plus exactement d'Afrique du Nord, dĂ©signait l'ensemble des unitĂ©s militaires françaises issues des territoires dâAfrique du Nord (AlgĂ©rie française, Protectorat français de Tunisie, Protectorat français du Maroc) dont lâorigine remonte pour la plupart Ă la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie. Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armĂ©e d'Afrique constitue avec
Les symboles de la LĂ©gion ĂtrangĂšre Les traditions Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre Les traditions de la LĂ©gion Ă©trangĂšre font partie intĂ©grante de son patrimoine et de sa culture. Elles ont Ă©tĂ© forgĂ©es au cours des ans, sont aujourdâhui garantes de son identitĂ© et de son unitĂ© et restent un facteur essentiel dâintĂ©gration et de cohĂ©sion. Certaines sont trĂšs anciennes et trouvent leurs origines dans des coutumes antĂ©rieures Ă la crĂ©ation de la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Dâautres sont plus rĂ©centes ; leur adoption prouve la capacitĂ© de la LĂ©gion Ă©trangĂšre Ă sâadapter Ă son temps et dĂ©montre que ces traditions ne sont pas figĂ©es, mais sont appelĂ©es Ă Ă©voluer. Legio patria nostra - La LĂ©gion pour patrie Servant avec le statut Ă titre Ă©tranger », le lĂ©gionnaire sert la France Ă travers la LĂ©gion... La devise Legio patria nostra est apparue sans que lâon sache vraiment ni comment, ni depuis combien de temps. Pour les kĂ©pis blancs, elle reflĂšte le sentiment commun de faire partie dâune unitĂ© dâĂ©lite et dâappartenir Ă une mĂȘme famille. LâidĂ©e de patrie, moteur essentiel pour toute autre troupe, laisse le lĂ©gionnaire souvent indiffĂ©rent ; câest lĂ quâintervient le mystĂšre de la LĂ©gion. Car, lâhomme qui a rompu avec son passĂ©, son cadre social, son milieu familial, va reporter sur la LĂ©gion son besoin dâidĂ©al et ses affections déçues. Il identifie bientĂŽt lâidĂ©e de LĂ©gion Ă lâidĂ©e de patrie, au point de lui sacrifier tout avec une infinie gĂ©nĂ©rositĂ©. Celui qui en a acceptĂ© les durs lois et rĂšglements, celui qui a servi avec loyautĂ©, honneur et fidĂ©litĂ© une institution qui lui a un jour offert un asile, celui-lĂ peut sâenorgueillir dâĂȘtre un digne citoyen lĂ©gionnaire. Legio patria nostra ! La devise Honneur et fidĂ©litĂ© » Les drapeaux de lâarmĂ©e française portent tous les mentions RĂ©publique française » et Honneur et patrie ». Cette derniĂšre est remplacĂ©e, depuis le 30 dĂ©cembre 1920, par Honneur et fidĂ©litĂ© » sur les drapeaux et Ă©tendards des rĂ©giments Ă©trangers. Les kĂ©pis blancs sont particuliĂšrement fiers de cette particularitĂ©, car elle Ă©voque lâattitude glorieuse de la LĂ©gion au combat, lâesprit dâabnĂ©gation et le respect de la parole donnĂ©e, sâil le faut, jusquâau sacrifice suprĂȘme Les couleurs Vert et Rouge Il est trĂšs difficile de dire Ă quelle pĂ©riode exactement les couleurs Vert et Rouge sont apparues Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Bien souvent adoptĂ©es avant quâune dĂ©cision ne vienne en officialiser lâusage, on les a vues apparaĂźtre et sâimposer peu Ă peu. Pour rĂ©sumer on peut dire quâelles ont Ă©tĂ© hĂ©ritĂ©es des Suisses de la 2e LĂ©gion de 1835. On les retrouve sur les fanions des compagnies, sur les Ă©paulettes des lĂ©gionnaires, sur les tambours de musiciens. La grenade Ă sept flammes Câest au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale que la grenade, ornement rĂ©servĂ© Ă certaines unitĂ©s dâĂ©lite de lâarmĂ©e française, se voit attribuer sept flammes dont deux en retour, le plus souvent accolĂ©es, et une bombe creuse portant le numĂ©ro du rĂ©giment. On doit son dessin au cĂ©lĂšbre aquarelliste et ancien lĂ©gionnaire Rosenberg. On la retrouve sur tous les frontons des quartiers de LĂ©gion, sur tous les fanions, sur les uniformes des lĂ©gionnaires. EmblĂšmes et fanions Les emblĂšmes drapeaux et Ă©tendards des rĂ©giments Ă©trangers portent lâinscription "Honneur et FidĂ©litĂ©" en lieu et place de lâinscription "Honneur et Patrie", en vigueur dans le reste de lâarmĂ©e française. Ils portent tous la mention "Camerone 1863". La LĂ©gion a le privilĂšge de disposer des emblĂšmes de ses rĂ©giments disparus et des anciens drapeaux des rĂ©giments actuels. Ils sont conservĂ©s par le musĂ©e dâAubagne et une partie dâentre eux est exposĂ©e dans la crypte. Les fanions des compagnies et escadrons sont vert et rouge sur lâavers, diagonale descendante, le vert contre la hampe. Le revers prĂ©sente les couleurs rĂ©glementaires correspondant Ă la numĂ©rotation de lâunitĂ©. Le salut Câest lâexpression mĂȘme de la discipline, la manifestation spontanĂ©e du respect envers le supĂ©rieur. Celui-ci, par la qualitĂ© de sa rĂ©ponse, doit prouver quâil en est digne. Le salut au caĂŻd A lâarrivĂ©e du Chef de corps au quartier, chaque matin, ou dans tout poste tenu par une unitĂ© lĂ©gion, le poste de police lui rend les honneurs. Le clairon sonne " Au CaĂŻd ", suivi par le refrain du Boudin, avant quâil ne passe la Garde en revue et que chacun se prĂ©sente Ă haute voix. Tous ceux qui entendent les sonneries se mettent au gare-Ă -vous, face Ă lâentrĂ©e, jusquâĂ la fin de son exĂ©cution. Lorsque le " CaĂŻd " est jouĂ© par une batterie, les tambours saluent de la main entre chaque roulement. Dans certaines circonstances particuliĂšres, lâexĂ©cution de la sonnerie " Au CaĂŻd " est une manifestation de courtoisie destinĂ©e Ă honorer une haute autoritĂ© trĂšs liĂ©e ou ayant servi Ă la LĂ©gion, les anciens Chefs de corps de LĂ©gion, par exemple. Le GĂ©nĂ©ral commandant la LĂ©gion Ă©trangĂšre est accueilli par la mĂȘme sonnerie, suivie des seize premiĂšres mesures du " Boudin ". Le boudin " Le Boudin "est la marche officielle de la LĂ©gion. Ce titre, Ă lui seul, Ă©voque la merveilleuse aventure des KĂ©pis Blancs. Mais quelle est donc lâhistoire de cette marche, que nous considĂ©rons tous comme " la Marseillaise " lĂ©gionnaire ? Les origines du mot, comme celles du thĂšme du cĂ©lĂšbre refrain, sont assez mal connues. Les uns pensent au rouleau de toile long de 52 centimĂšres roulĂ© sur le sac ou portĂ© en bandoulliĂšre, et quâon appelait volontier boudin, les autres Ă une origine plus gastronomique. La mĂ©lodie serait inspirĂ©e dâune oeuvre de Rameau, dâune adaptation du refrain du 67Ăšme en 1862 , ou dâune dĂ©cision impĂ©riale prise en CrimĂ©e ou en Italie. Il est difficile de trouver une origine exacte. Mais peu de temps avant le dĂ©part du RĂ©giment Ă©tranger en janvier 1863 pour le Mexique, câest Monsieur Wilhelm, Chef de musique qui dirigeait la fanfare du 2 Ăšme Etranger qui compose Ă partir de ce thĂšme des 16 mesures imposĂ©es depuis 1840, une marche qui est devenue la marche de la LĂ©gion Ă©trangĂšre " le Boudin ". Lâorigine de cette marche remonte Ă 1860, Ă©poque Ă laquelle , le Roi des Belges envoya des hommes Ă la France, afin quâils fussent incorporĂ©s dans la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Ils y furent notamment traitĂ©s de " Tireurs au cul " par une majoritĂ© dâAllemands qui composaient Ă ce moment lĂ lâessentiel de la LĂ©gion. Quant aux paroles, il semble quâelles aient connues des variantes dues Ă lâimagination fertile des lĂ©gionnaires. Les paroles actuelles ont probablement Ă©tĂ© adoptĂ©es vers 1870, alors que le roi des Belges avait demandĂ© que ses sujets ne combattent pas en France et que de nombreux Alsaciens-Lorrains sâengageaient Ă la LĂ©gion. Pour terminer, nous ne sauront sans doute jamais si les paroles sont dues aux Ă©paules des lĂ©gionnaires ou Ă leurs estomacs, mais il est indĂ©niable que " le Boudin " est un morceau qui exalte lâamour profond du lĂ©gionnaire pour son drapeau et pour sa patrie dâadoption. Si lâon ne salue pas pendant lâexĂ©cution du Boudin, on lâexĂ©cute et on le chante au garde-Ă -vous Le pas LĂ©gion Le pas LĂ©gion est cadencĂ© Ă 88 pas/minute 120 pas/minute pour le rĂ©gime gĂ©nĂ©ral et 140 pas/minutes pour les chasseurs alpins & chasseurs Ă pied. Cette cadence est hĂ©ritĂ©e du rythme de dĂ©placement des armĂ©es de lâAncien RĂ©gime et de lâEmpire, dont le rĂ©giment Hohenlohe, duquel la LĂ©gion Ă©trangĂšre a conservĂ© nombre de traditions. Le kĂ©pi blanc Le kĂ©pi blanc tel que nous le connaissons aujourdâhui, objet de fiertĂ© pour le lĂ©gionnaire et symbole distinctif de la LĂ©gion pour le public, nâest portĂ© que par les militaires du rang ; officiers et sous-officiers coiffant un kĂ©pi ... noir ! Sâil nâa pas toujours Ă©tait de couleur blanche symbole de puretĂ©, on peut dire quâil est officiellement devenu blanc Ă partir du 14 Juillet 1939, lorsque les lĂ©gionnaires ont pour la premiĂšre fois dĂ©filĂ© sur les Champs ElysĂ©es vĂȘtue de ladite coiffure. Depuis, il symbolise la LĂ©gion Ă©trangĂšre et son port est interdit Ă tout autre troupe. Le bĂ©ret vert Dâabord portĂ© par les lĂ©gionnaires parachutistes formation créée en 1948 en Indochine par le chef de bataillon Morin pour se distinguer des parachutistes et autres troupes dâĂ©lite de lâarmĂ©e rĂ©guliĂšre », il nâa Ă©tĂ© officialisĂ© quâĂ partir de 1957. La lĂ©gende dit quâil aurait Ă©tĂ© rapportĂ© en ExtrĂȘme-Orient par un officier de retour de permissions. A la fin des annĂ©e 1950, son port nâest plus rĂ©servĂ© aux seuls lĂ©gionnaires para, il est Ă©tendu Ă lâensemble des unitĂ©s de LĂ©gion. Les Ă©paulettes Vert et Rouge En 1868, la suppression des compagnies dâĂ©lites instaure pour chaque subdivision dâarme des Ă©paulettes aux couleurs distinctives ; dĂšs lors, la couleur actuelle des Ă©paulettes corps vert et franges rouges est attribuĂ©e Ă la LĂ©gion. On pense que le choix de ces deux coloris est Ă attribuer Ă lâuniforme des Suisses de la 2e LĂ©gion de 1855. On les retrouve sur les fanions des compagnies et sur les tambours de musiciens. La ceinture bleue Longue de 3,40 Ă 3,60 mĂštres et large de 13 Ă 17 centimĂštres, la ceinture de laine bleue a Ă©tĂ© officiellement attribuĂ©e Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre en 1882. Son rĂŽle initial Ă©tait surtout pratique, car, portĂ©e lors de la conquĂȘte de lâAlgĂ©rie, elle devait protĂ©ger des affections intestinales dues notamment aux grands Ă©carts de tempĂ©rature entre le jour et la nuit. Elle se portait sous la capote ou la veste. La cravate verte Avant le deuxiĂšme conflit mondial, la couleur de la cravate portĂ©e Ă la LĂ©gion nâĂ©tait pas dĂ©finie. Son apparition sâest faite Ă compter de 1945, du fait de la rĂ©cupĂ©ration de surplus de cravates vertes, provenant des Chantiers de jeunesse. Le port nâa pas Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ© dĂšs cette date et il faudra attendre 1947 pour voir lâensemble des lĂ©gionnaires porter cette nouvelle marque distinctive. Les chevrons dâanciennetĂ© De nos jours, la LĂ©gion est la seule dĂ©tentrice de cette vieille tradition des chevrons dâanciennetĂ©, dont lâorigine remonte Ă une dĂ©cision royale de 1771. SupprimĂ©s, puis remis au goĂ»t du jour Ă de nombreuses reprises, ils sont instituĂ©s une derniĂšre fois en 1948. Un chevron correspond Ă cinq ans dâanciennetĂ©, deux chevrons Ă dix, etc. Seuls les militaires du rang et les sous-officiers subalternes sont autorisĂ©s Ă les porter. Le gilet dâarmes Les origines du gilet dâarme remontent Ă lâArmĂ©e dâAfrique et Ă la conquĂȘte de lâAlgĂ©rie. Mais sont port devient obligatoire, Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre, seulement dans les annĂ©es 1950. DĂšs lors, il sera uniquement de couleur verte, ce qui nâĂ©tait pas le cas auparavant... Comportant dix-huit petits boutons dorĂ©s ou argentĂ©s, il nâest portĂ© que par les officiers et les sous-officiers supĂ©rieurs. Les jeunes officiers doivent avoir assistĂ© au moins une fois Ă la commĂ©moration du combat de Camerone avant de pouvoir le porter. Les plis de la chemise Parce que Rigueur » nâest pas un vain mot Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre ... Les chemises des lĂ©gionnaires comportent des plis rĂ©glementaires. Ils sont dĂ©finis avec une prĂ©cision qui ne tolĂšre pas lâĂ -peu-prĂšs ; leur exactitude est vĂ©rifiĂ©e avec le plus grand des sĂ©rieux par les supĂ©rieurs en charge de leurs subordonnĂ©s. Câest ainsi que le jeune lĂ©gionnaire apprend dĂšs son incorporation Ă travailler finement, prĂ©cisĂ©ment. On lui inculque le soucis du dĂ©tail », on lui transmet lâamour du travail bien fait » et cela passe aussi par sa tenue vestimentaire. Certains plis doivent ĂȘtre espacĂ©s de 5,3 cm, dâautres de 3,5 cm !!! Alors, prĂȘts Ă relever le dĂ©fi ? Les pionniers Les pionniers sapeurs sont apparus en France dĂšs le XVIIIe siĂšcle. Mais la crĂ©ation des pionniers Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre ne date que du XXe siĂšcle. Ils perpĂ©tuent la tradition de bĂątisseuse que sâest forgĂ©e la LĂ©gion Ă travers le monde. Les pionniers, tous barbus, portent une hache et sont revĂȘtus dâun tablier de buffle. Le tablier et la barbe sont des hĂ©ritages du XVIIIe siĂšcle, le fait de porter sur lâĂ©paule droite la hache et non le fusil, tĂ©moigne de la vocation de bĂątisseur des pionniers. Ils doivent par leur action permettre au reste de la troupe dâavancer en Ă©change de quoi, celle-ci doit les protĂ©ger. Ce sont les prĂ©curseurs. Câest dâailleurs cette notion, dĂ©jĂ prĂ©sente dans la Grande ArmĂ©e napolĂ©onienne, que lâon retrouve lorsquâĂ la parade on les voit prĂ©cĂ©der les lĂ©gionnaires en armes, ainsi que le drapeau du rĂ©giment et le chef de corps. La poussiĂšre La poussiĂšre est une cĂ©rĂ©monie qui semble tirer son origine dâune coutume de lâarmĂ©e dâAfrique, et notamment des colonnes mobiles. Lâeau Ă©tait rare, parfois plus que le vin, aussi avant le repas prenait-on le temps de rincer les vers avec une goutte de vin que lâon se gardait bien de jeter. Le cĂ©rĂ©monial traditionnel correspond aux commandements suivants, chacun sâassure que son verre contient un peu de vin, rouge en gĂ©nĂ©ral - " Attention pour la poussiĂšre ! " Les convives au garde-Ă -vous, tiennent leur verre Ă la hauteur du menton, coude droit collĂ© au Envoyez ! Puis le popotier, ou le maĂźtre de chant, entonne " Le Boudin " , prĂ©cĂ©dĂ© ou non du refrain de lâunitĂ©. La popote La popote des officiers, et tout particuliĂšrement celle des lieutenants est le lieu oĂč se cultivent et se perpĂ©tuent certaines traditions moins solennelles mais dont lâimportance ne sauraient ĂȘtre mĂ©sestimĂ©es, ne serait-ce que par le sens dâun certain cĂ©rĂ©monial, dâun certain goĂ»t du panache, quâelles dĂ©veloppent. A cette rĂ©union qui nâa pour but que de resserrer les liens de camaraderie, doivent rĂ©gner une gaietĂ© et une atmosphĂšre de bon aloi. Elle est organisĂ©e dans une enceinte militaire, ses participants se doivent donc dây avoir une tenue et une conduite irrĂ©prochables. Le menu Le popotier lit le menu traditionnel dans toutes les popotes de lâarmĂ©e française, avec toutefois une lĂ©gĂšre variante propre Ă la LĂ©gion. Il ajoute " ... de lâavancement dans lâarmĂ©e française en gĂ©nĂ©ral, et de la LĂ©gion EtrangĂšre en partuculier , ce dont je serai, dâailleurs, le dernier et ĂŽ combien indigne bĂ©nĂ©ficiaire ". Puis le popotier invoque le Saint-Patron de la LĂ©gion. Il est dâusage aussi dâinvoque le Saint-Patron des Ă©ventuels invitĂ©s dâhonneur. Noel - FĂȘte de famille lĂ©gionnaire NoĂ«l Ă la LĂ©gion Ă©trangĂšre est La fĂȘte de famille par excellence. DĂ©passant le cadre religieux, tous les lĂ©gionnaires ne sont pas chrĂ©tiens, il est toujours fĂȘtĂ© avec ferveur et enthousiasme. Dans tous les coins du monde oĂč lâon fĂȘte la nativitĂ©, NoĂ«l est souvent la seule occasion de rĂ©unir la famille. Câest cet aspect qui est revendiquĂ© sous la grenade Ă sept flammes. Souvent loin de chez eux, de leur famille de sang », quand elle existe encore !, les kĂ©pis blancs retrouvent avec leurs chefs, leurs camarades, un peu de cette chaleur familiale laissĂ©e derriĂšre eux. Le soir de NoĂ«l, ils festoient, chantent, sâamusent, sâoffrent des cadeaux, au sein de leur nouvelle famille, leur famille de cĆur », leur famille dâadoption », constituĂ©e de frĂšres dâarmes, de personnes avec lesquelles ils ont pour habitude de tout partager... le pire, mais aussi le meilleur. Camerone - La LĂ©gion honore ses morts Camerone est le nom de la ville mexicaine oĂč une poignĂ©e de lĂ©gionnaires sâest illustrĂ©e le 30 avril 1863, au cours dâune bataille Ă©pique. Ces braves soldats se sont opposĂ©s pendant toute une journĂ©e Ă plus de 2000 Mexicains. Les cinq survivants qui avaient promis Ă leur chef mourant de ne pas se rendre Ă cours de munitions, chargĂšrent Ă la baĂŻonnette. En se sacrifiant, ils permirent Ă un prĂ©cieux convoi de passer la mission Ă©tait remplie. Depuis, le combat a fait date il est devenu symbole de la fidĂ©litĂ© Ă la parole donnĂ©e et de la mission remplie quel quâen soit le coĂ»t. DĂ©sormais, chaque 30 avril, oĂč quâils se trouvent, les lĂ©gionnaires commĂ©morent cet Ă©vĂ©nement. Chants et marches de la LĂ©gion Ă©trangĂšre A la diffĂ©rence du chant de popote oĂč la gaĂźtĂ©, la fronde et lâhumeur se rĂ©pondent, du chant de bivouac aux accents parfois nostalgiques, toujours sentimentaux, le chant de marche » a pour quadruple but de soutenir les Ă©nergies, dâaffirmer la cadence, de fondre quarante timbres en un seul chant, ce qui Ă©veille en chacun le sens profond de la collectivitĂ©, et de donner Ă la superbe dâune troupe en mouvement un prolongement sonore qui la valorise Il nâest pas ici question de commenter son utilitĂ©, de vous persuader, sâil en Ă©tait besoin, de son influence bĂ©nĂ©fique ni de justifier de son importance. Le fait est lĂ . La LĂ©gion Ă©trangĂšre est, une fois encore, la troupe qui sait, qui doit, qui chante le mieux au monde. Ce patrimoine flatteur doit ĂȘtre reçu avec fiertĂ©, certes, mais il nous appartient de le transmettre, non seulement sans le laisser de dĂ©prĂ©cier, mais aussi en y apportant â pourquoi non ? - encore plus de flamme, encore plus dâampleur, encore plus de rĂ©sonance. La Musique De tous temps, la Musique principale de la LĂ©gion Ă©trangĂšre a occupĂ© une place privilĂ©giĂ©e dans la faveur du public. A la puissance dâexaltation qui rayonna des musiques de marche et au prestige dont jouissent les fameux " KĂ©pis Blans", elle ajoute son allure solennelle et Ă©clatante, expression la plus directe de la personnalitĂ© lĂ©gionnaire. Son histoire commence avec celle de la LĂ©gion, créée par lâordonnance royale du 10 mars 1831. A cette date, le nombre des musiciens est rĂ©glementĂ© par les habitudes militaires de lâĂ©poque. Câest pourquoi, la Musique de la LĂ©gion, Ă ses dĂ©buts, comprend un effectif plus que modeste, avec uniquement un chef de musique, un sous-chef de musique, et seulement ving-sept exĂ©cutants. Il faudra alors de trĂšs nombreuses annĂ©es de travail et dâefforts pour que la Musique soit en Ă©tat de se produite dignement face au public. MalgrĂ© ses modestes moyens, la musique se fera remarquer par ses qualitĂ©s musicales. DĂšs 1860, le nombre des excĂ©cutants atteint quarante musiciens. Elle est dirigĂ©e Ă cette Ă©poque par Monsieur WILHELM. câest lui qui composera la cĂ©lĂšbre marche de la LĂ©gion " le BOUDIN ". Lâorchestre Ă corde est crĂ©e vers la fin de lâannĂ©e 1887. Au dĂ©part, son rĂ©pertoire se compose dâoeuvres populaires connues, puis sâĂ©toffera dâoeuvres musicales de plus grandes envergures. Dissous lors de la dĂ©claration de la Guerre 14-18, la Musique reverra la jour dĂšs la paix rĂ©tablie. A ce moment, lâessor grandissant de lâharmonie et de lâorchestre symphonique, grĂące Ă un rĂ©pertoire trĂšs Ă©tendu est remarquable. Nous assistons Ă lâĂąge dâor de la Musique , par sa batterie et ses fifres, trompes et trompettes de cavalerie. Pourtant en 1940, la Musique est Ă nouveau dissoute puis renait en 1946. Si lâharmonie reste prestigieuse, lâorchestre Ă corde a complĂštement disparu. La batterie conserve ses caractĂ©ristiques propres avec ses fifres et son chapeau chinois, et le port particulier des tambours qui facilite la cadence lente. Aujourdâhui, la Musique de la LĂ©gion Ă©trangĂšre effectue de trĂšs nombreux dĂ©placements en France et Ă lâEtranger. Elle a le privilĂšge de faire dĂ©filer dâune maniĂšre particuliĂšrement remarquable nos rĂ©giments de KĂ©pis Blancs, par son pas lent hĂ©ritĂ© des rĂ©giments de Hohenlohe, et immortalisĂ©s par nos anciens autour du monde au service de la FRANCE. Le Chapeau Chinois Le chapeau chinois est un instrument de percussion comportant un pavillon de cuivre perchĂ© sur un bĂąton, garni de clochettes et de grelots, que lâon agite comme un hochet. En outre, il est ornĂ© de queues de cheval. Origine des Queues de Cheval Coutume dâorigine islamique, adoptĂ©e par les rĂ©giments dâafrique qui, suivant lâexemple de lâennemi, ont pris lâhabitude dâexposer devant la tente du chef, la queue du cheval tuĂ© sous lui au combat. Ainsi Ă©tait dĂ©montrĂ©e la valeur, le courage du commandant, tĂ©moignage tangible de son ardeur au combat. On peut donc penser que le chapeau chinois, instrument de percussion, Ă©tait en mĂȘme temps un emblĂšme traditionnel et symbolique. Les fĂȘtes des rĂ©giments En plus des fĂȘtes communes Ă toute la LĂ©gion, chaque rĂ©giment commĂ©more une des dates les plus marquantes de son histoire, ou la fĂȘte de son saint patron. - 1er 23 avril Saint Georges- 2Ăšme 2 septembre El-Moungar- 3Ăšme 14 septembre PercĂ©e de la ligne Hindenbourg- 22 novembre Sainte-CĂ©cile- 2Ăšme 29 septembre Saint-Michel- 6Ăšme 1 octobre CrĂ©ation du rĂ©giment- 4Ăšme 15 novembre CrĂ©ation du rĂ©giment- 5Ăšme 4 dĂ©cembre Sainte Barbe Sources Monsieur LĂ©gionnaire
Etc'est vrai que dans les stalags, ils n'y ont fait, pour la plupart, que des passages ; le but de la Wehrmacht Ă©tant d'utiliser cette main d'oeuvre vitale pour l'Ă©conomie du Reich, ils Ă©taient dĂ©tachĂ©s dans des camps de travail oĂč ils Ă©taient aussi logĂ©s le plus souvent oĂč encore regroupĂ©s Ă proximitĂ© dans "des camps secondaires". D'aprĂšs les rapports des visites
Dix ans de protestation Cette recrudescence dans le 94 intervient alors que plusieurs vidĂ©os camĂ©ras de surveillance ayant filmĂ© des attaques dâune extrĂȘme violence contre des Asiatiques ont tournĂ© de façon virale sur les rĂ©seaux sociaux et les forums de la communautĂ©, suscitant des rĂ©actions exaspĂ©rĂ©es. La colĂšre est dâautant plus forte que ces agressions ne sont pas nouvelles entre dĂ©cembre 2015 et lâĂ©tĂ© 2016, ce ne sont pas moins de 140 femmes, toutes asiatiques, qui subirent ce type dâattaques le long de la ligne 183. ArrĂȘtĂ©s peu aprĂšs, les agresseurs se sont rĂ©vĂ©lĂ©s mineurs. [2] Câest en 2010 que, pour la premiĂšre fois, Ă Belleville, et Ă la stupeur gĂ©nĂ©rale, plusieurs milliers de Chinois descendent dans la rue, excĂ©dĂ©s dâĂȘtre la cible privilĂ©giĂ©e dâune petite dĂ©linquance qui voit dans les Chinois » â cette dĂ©nomination englobant tous les Asiatiques â des proies idĂ©ales. [3] Ils ont la rĂ©putation dâavoir du liquide sur eux, quand ils reviennent du travail ou quand ils vont Ă des mariages, et peu dâentre eux portent plainte quand ils sont agressĂ©s, soit parce quâils sont en situation irrĂ©guliĂšre et Ă©vitent les contrĂŽles policiers, soit parce que, mĂȘme munis de papiers lĂ©gaux, ils ne maĂźtrisent pas ou peu le français. Le 22 juillet dernier, le comitĂ© SĂ©curitĂ© pour tous » du 94 Ă©mettait un communiquĂ© interpellant les pouvoirs publics sur ces agressions qualifiĂ©es Ă juste titre de sexistes et racistes » et rĂ©itĂ©rant leurs demandes, Ă savoir lâextension de la vidĂ©o-surveillance [4], le renforcement des patrouilles de police et de celles de la RATP dans les zones sensibles », ainsi quâun statut de jeune adulte » pour les agresseurs qui, quand ils sont mineurs, sont peu pĂ©nalisĂ©s. [5] Cette association sâest fait connaĂźtre en 2016 lors de lâagression mortelle de Shaolin Zhang, travailleur chinois Ă Aubervilliers. [6] Plusieurs dizaines de milliers dâAsiatiques, majoritairement chinois, avaient alors dĂ©filĂ© dans Paris demandant la sĂ©curitĂ© pour tous ». En 2017, une tout autre manifestation rassemblait lĂ aussi plusieurs milliers de Chinois aprĂšs quâun policier de la Bac avait abattu chez lui Shaoyao Liu, un pĂšre de famille. Le policier coupable vient de bĂ©nĂ©ficier dâun non-lieu le 11 juillet 2019, au nom de la lĂ©gitime dĂ©fense. [7] Ce dĂ©ni de justice, habituel dans les cas de violence policiĂšre, a entraĂźnĂ© un modeste rassemblement Ă lâappel de la famille indignĂ©e et la constitution dâun comitĂ© demandant Justice pour Shaoyao » Ă lâinstar des autres victimes des brutalitĂ©s policiĂšres. Comment apprĂ©hender cette apparente contradiction vouloir dâun cĂŽtĂ© plus de policiers et de lâautre dĂ©noncer leur impunitĂ© quand ils jouent aux cow-boys ? Cette demande sĂ©curitaire met trĂšs mal Ă lâaise la gauche radicale et les organisations antiracistes. Exiger plus de rĂ©pression alors mĂȘme que celle-ci vient de franchir un saut qualitatif contre les manifestations est incomprĂ©hensible et indĂ©fendable pour beaucoup. De plus, la qualitĂ© des agresseurs nâarrange rien. Car la plupart du temps, il faut se rendre Ă lâĂ©vidence, ces derniers sont issus dâautres communautĂ©s minoritaires, originaires dâAfrique du Nord ou sub-saharienne, discriminĂ©s et en butte Ă lâarbitraire policier. Comment donc concilier la lutte antiraciste que lâon appellera classique » pour plus de facilitĂ©, et la prise en compte de la souffrance rĂ©elle des Chinois » de Belleville, dâAubervilliers ou dâIvry ? JusquâĂ prĂ©sent, la gauche radicale et les organisations antiracistes ont Ă©tĂ© absolument incapables de rĂ©soudre ce dilemme qui met Ă mal les rĂ©fĂ©rences et modes de pensĂ©e habituels. Le malaise dure depuis dix ans. Et câest trĂšs dommage, car certains ne manquent pas dâen profiter. Une communautĂ© hĂ©tĂ©rogĂšne Ce malaise de la gauche radicale Ă apprĂ©hender la communautĂ© asiatique, dont on pourrait dire cyniquement quâelle a le mauvais goĂ»t de ne pas rĂ©pondre aux lieux communs sur lâimmigration europĂ©enne ou post-coloniale, ne date pas dâaujourdâhui. Ce qui frappe en premier lieu, câest lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© nationale et sociale des Asiatiques de France. DerriĂšre le nom caricatural de Chinois » voir de Noichs », on trouve aussi bien des vrais » Chinois de Chine continentale que dâex-rĂ©fugiĂ©s du Sud-Est asiatique â Vietnam, Cambodge, Laos â, ou des Philippines travaillant comme nounous dans les beaux quartiers. On classera CorĂ©ens et Japonais parmi les expatriĂ©s, cette expression ayant un sens bien plus social plus que racial contrairement aux Ătats-Unis oĂč ils forment dâimportantes communautĂ©s sur la cĂŽte Ouest, ils sont en petit nombre Ă Paris. MalgrĂ© leur invisibilitĂ© rĂ©currente, rappelons que la prĂ©sence asiatique est ancienne en France. Elle est dâabord liĂ©e aux deux guerres mondiales. Celle de 14-18 voit la prĂ©sence de plusieurs rĂ©giments de tirailleurs annamites et de milliers de Chinois engagĂ©s contractuellement pour les travaux de terrassement ou dans les usines. Et quand Ă©clate la Seconde Guerre mondiale, des milliers de travailleurs forcĂ©s vietnamiens sont emmenĂ©s en France. On leur doit, entre autres, le riz de Camargue. On croise aussi de nombreux intellectuels indochinois investis dans la lutte pour lâindĂ©pendance de leur pays. Mentionnons le militant trotskyste Ta Thu Thau [8] qui, Ă©tudiant Ă Paris va faire connaĂźtre la mutinerie de Yen Bay en 1930, ainsi que la figure tragique du philosophe Tran Duc Thao qui rentre au Vietnam en guerre en 1952 [9]. Ă la fin de la guerre dâIndochine en 1954, et la partition du pays, plusieurs milliers de Vietnamiens issus de couples mixtes ou de veuves vietnamiennes dâun soldat français accompagnĂ©es de leurs enfants, arrivent en France. Câest une population souvent trĂšs pauvre, dont beaucoup iront dans les Camps dâaccueil des rapatriĂ©s dâIndochine CARI. Leur arrivĂ©e et leur sort misĂ©rable laissent indiffĂ©rent. La France, empĂȘtrĂ©e dans une autre guerre coloniale en AlgĂ©rie, a dâautres chats Ă fouetter. On les oublie et leurs camps serviront en 1962 pour les harkis. Aujourdâhui, câest la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration qui a choisi de faire connaĂźtre cet Ă©pisode dans des films comme AllĂ©e des Jasmins » ou Sous tes doigts » [10]. Le choc des boat-people Ă la fin des annĂ©es 1960, la guerre du Vietnam est au centre des luttes de la jeunesse radicale du monde entier. Pour toute une gĂ©nĂ©ration, il ne fait pas de doute que lâIndochine rĂ©volutionnaire, dont Ho Chi Minh est la figure emblĂ©matique, vaincra les AmĂ©ricains et leurs alliĂ©s fantoches » du Sud. 1975 voit le triomphe de cette lutte. Successivement en avril 1975, Pnom Penh et SaĂŻgon tombent aux mains des rĂ©volutionnaires. Lâimage des hĂ©licoptĂšres amĂ©ricains quittant en toute hĂąte le palais prĂ©sidentiel, restĂ©e dans toutes les mĂ©moires, est le symbole de cette dĂ©route cinglante. AprĂšs les Français, câest au tour de la plus grande puissance mondiale dâavoir Ă©tĂ© dĂ©faite par les petits bo doĂŻ aux semelles de caoutchouc. Mais quatre ans plus tard, la gueule de bois est rude aprĂšs des mois dâaffrontements plus ou moins larvĂ©s, le Vietnam intervient au Cambodge en dĂ©cembre 1978, chassant les Khmers rouges et rĂ©vĂ©lant lâampleur du gĂ©nocide, mais dĂ©clenchant en retour la colĂšre du protecteur chinois de Pol Pot [11]. En fĂ©vrier 1979, les troupes chinoises entrent au Vietnam et ravagent le Nord, lĂ oĂč le Vietminh avait connu ses premiĂšres grandes victoires face aux Français en 1950. Le rĂȘve â ou lâillusion â de Bandung est bel et bien mort et enterrĂ© en 1979. Ă cela sâajoute ce quâon appelle pudiquement la crise des boat people », câest-Ă -dire la fuite Ă©perdue de centaines de milliers de Vietnamiens du Sud qui, par tous les moyens et au risque de leur vie, affrontent sur des rafiots de fortunes surchargĂ©s, non seulement la mer de Chine, mais aussi les pirates qui pillent, violent et tuent ces proies faciles. De nombreux Chinois Ă©tablis de longue date Ă SaĂŻgon sont parmi les rĂ©fugiĂ©s. En France, la crise prend une dimension particuliĂšre est-ce dĂ» Ă lâhistoire coloniale qui lie les deux pays ou au poids du mouvement communiste dont Ho Chi Minh et Giap sont des figures mythiques ? Sans doute les deux, suscitant la mobilisation des intellectuels dont la quasi-totalitĂ© avait soutenu la lutte du Vietnam contre les AmĂ©ricains. La scĂšne emblĂ©matique de cette campagne est la confĂ©rence de presse tenue par les frĂšres ennemis Jean-Paul Sartre et Raymond Aron en juin 1979, appelant le prĂ©sident de la RĂ©publique ValĂ©ry Giscard dâEstaing Ă ouvrir largement les portes du pays aux rĂ©fugiĂ©s [12]. Ce sera chose faite puisque la France va accueillir plus de 100 000 boat-people. Entre invisibilitĂ© et fantasmes Soyons honnĂȘtes, tant VGE que Mitterrand feront correctement le boulot. Aide au logement, Ă lâemploi, cours de français, octroi rapide du statut de rĂ©fugiĂ© politique, accession Ă la nationalitĂ© française, tout est fait pour faciliter lâintĂ©gration des nouveaux venus. Ce nâest pas leur race » qui leur vaut ce traitement que pourraient envier bien des migrants dâaujourdâhui, mais leur provenance, celle dâun pays faisant partie du bloc soviĂ©tique. La droite, puis le gouvernement socialiste ne seront pas fĂąchĂ©s de mettre en avant leur triste sort de victimes du communisme, comme ce fut le cas pour les Hongrois en 1956. Le but est de fondre les rĂ©fugiĂ©s dans le creuset français ». Et les rĂ©fugiĂ©s vont y mettre du leur. Avec lâhumiliation propre aux vaincus, ils vont se faire tout petits et se faire oublier mĂȘme si naissent alors les premiers grands Chinatowns, dans le 13e arrondissement et Ă Belleville qui deviennent autant de promenade exotiques. LâĂ©crasante majoritĂ© va connaĂźtre le dĂ©classement social. [13] Le restaurant chinois » entame sa longue marche et avec lui toute une sĂ©rie de fantasmes comme les chats et les chiens qui disparaĂźtraient, sous-entendu dans les plats servis. Il nâest jusquâĂ lâabsence de dĂ©linquance qui nâattise la rumeur ne dit-on pas quâon ne retrouve jamais les cadavres des voyous ? Cette invisibilisation nâest pas propre Ă la France ce cinĂ©ma amĂ©ricain qui dĂ©roule les chefs-dâĆuvre sur la guerre du Vietnam et dont on raffole ne les traitera pas mieux. La fĂ©rocitĂ© hilarante de lâĂ©crivain amĂ©ricano-vietnamien VietThanh Nguyen Ă©pingle dans son roman Le Sympathisant prix Pulitzer 2016 [14] cet Hollywood qui raconte une guerre du Vietnam oĂč les Vietnamiens sont au choix de pauvres victimes ou dâinfĂąmes Ă la gauche radicale, dire quâelle ne sâest peu intĂ©ressĂ©e Ă ces rĂ©fugiĂ©s qui dĂ©rangeaient politiquement relĂšve de la litote. Pourtant, dix ans avant la chute du mur de Berlin, câest bien en 1979 et en Asie que sâest effondrĂ©e dĂ©finitivement lâespĂ©rance messianique nĂ©e de la rĂ©volution dâOctobre. Elle ne sâintĂ©resse pas beaucoup plus Ă ce quâils sont devenus quarante ans aprĂšs, Ă tort car câest un parcours qui pourrait ĂȘtre riche dâenseignements. Les Chinois de France Une autre Ă©migration bien plus massive va bouleverser ce paysage asiatique presque trop tranquille, celle des Chinois de Chine continentale. Lâaccession en 1978 de Den Xiaoping Ă la tĂȘte du Parti communiste chinois oĂč il allait rester pendant 20 ans va lancer cet oxymore si incongru pour des marxistes, lâĂ©conomie socialiste de marchĂ© ». Son but ? Faire de la Chine une grande puissance, sinon la premiĂšre, ce quâelle nâest guĂšre malgrĂ© son siĂšge permanent au Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU. Moderne Guizot, Deng proclame Il est glorieux de sâenrichir », ce qui ne tombera pas dans lâoreille dâun sourd. Mais Ă cĂŽtĂ© de la caste des Princes rouges » et de cette nouvelle bourgeoisie qui sâest de fait copieusement enrichie, les privatisations et la liquidation de secteurs entiers de lâĂ©conomie dâĂtat, vont entraĂźner des inĂ©galitĂ©s sociales ravageuses poussant des millions de paysans pauvres et dâouvriers au chĂŽmage vers les mĂ©galopoles chinoises oĂč ils vont constituer un prolĂ©tariat corvĂ©able Ă merci, faisant du pays, lâatelier du monde ». Les plus audacieux de ces misĂ©reux vont faire ce que des centaines de milliers dâautres firent avant eux, ils vont partir au loin chercher un avenir meilleur. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1990, plusieurs dizaines de milliers de Chinois arrivent en France dans un flux rĂ©gulier. Si certains peuvent bĂ©nĂ©ficier dâun regroupement familial en faisant jouer la prĂ©sence dâun parent dĂ©jĂ Ă©tabli, la plupart viennent de façon irrĂ©guliĂšre et se retrouvent avec le statut peu enviable de sans-papiers. Souvent endettĂ©s auprĂšs dâun passeur, Ă qui ils doivent rembourser de trĂšs grosses sommes, ils sont Ă la merci dâun contrĂŽle policier qui signifiera lâexpulsion du territoire. Combien sont-ils ? Difficile Ă dire comme le montrent les estimations qui parlent de 600 000 Ă 900 000, voire un million dâAsiatiques, Chinois et ex-rĂ©fugiĂ©s du Sud-Est asiatiques et leurs descendants. Ce qui est sĂ»r, câest que la France abrite la plus importante communautĂ© chinoise dâEurope. Dans la premiĂšre gĂ©nĂ©ration, beaucoup travaillent au sein de la communautĂ©, restaurants, textile, maroquinerie, articles de Paris... Au fil des annĂ©es, ils ne sont plus cantonnĂ©s Ă Belleville ou au 13e, ils sont bien prĂ©sents dans les 10e et dans le 3e arrondissements, dans la banlieue sud qui jouxte la porte de Choisy, dans la banlieue nord, Ă Saint-Denis, Ă Pantin... Mais câest surtout Aubervilliers qui est aujourdâhui lâĂ©picentre lâĂ©conomique de la communautĂ© chinoise avec la crĂ©ation en 2006 de lâimmense Centre international France-Asie CIFA, agrandi en mars 2015 par le Fashion Center qui est lâun des plus importants centres dâachat en gros dâEurope. [15] Ce vaste ensemble de boutiques et de stockage qui draine tout ce qui a trait au prĂȘt-Ă -porter au sens large vĂȘtements, lingerie, accessoires, maroquinerie, bijouterie fantaisie... Ă©tait au dĂ©part destinĂ© Ă remplacer le Sentier oĂč un immobilier rĂ©sidentiel aux prix astronomiques a succĂ©dĂ© Ă la vieille activitĂ© de la communautĂ© juive. Mais bien plus quâune simple zone Ă©conomique, le Fashion Center est le symbole de ce qui caractĂ©rise aujourdâhui la communautĂ© chinoise, ce qui la distingue des vagues dâimmigration antĂ©rieures, quâelles soient europĂ©ennes ou post-coloniales, et qui est Ă lâorigine des agressions quâelle subit de façon rĂ©currente, depuis plus de 10 ans. Un racisme du ressentiment Par bien des traits, les Chinois de France ressemblent aux immigrĂ©s qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©s pauvretĂ©, relatif entre-soi protecteur, statut prĂ©caire, menaces policiĂšres et... luttes. En 1997, les Chinois de Paris manifestent massivement dans le mouvement des sans-papiers ; en 2007, une Chinoise de 51 ans sans-papiers, paniquĂ©e par lâarrivĂ©e de la police, trouve la mort aprĂšs sâĂȘtre dĂ©fenestrĂ©e pour Ă©chapper Ă un contrĂŽle, provoquant protestations et manifestations. Des conditions donc trĂšs diffĂ©rentes de celles quâont connues les boat-people de la fin des annĂ©es 1970. Comme partout, câest une immigration de plus en plus fĂ©minine, comme lâa montrĂ© la grĂšve des manucures chinoises en 2014, lutte largement soutenue et popularisĂ©e par la CGT, il faut le souligner [16]. Comme pour tous les migrants aprĂšs trente ans de prĂ©sence, la diffĂ©renciation sociale sâest accentuĂ©e entre premiers arrivĂ©s, naturalisĂ©s, seconde gĂ©nĂ©ration et nouveaux venus. Mais la diffĂ©rence radicale entre lâimmigration chinoise et lâimmigration italienne, portugaise, algĂ©rienne ou malienne, câest ... quâelle vient de Chine, câest-Ă -dire de ce qui est aujourdâhui la deuxiĂšme puissance Ă©conomique mondiale. JusquâĂ prĂ©sent, les choses Ă©taient simples il y avait des pays pauvres, avec un fort surplus de population misĂ©rable, et il y avait des pays riches, qui manquaient de main-dâĆuvre. Donc les premiers envoyaient dans les seconds, lĂ©galement ou pas selon les pĂ©riodes, ce surplus de population. En retour, celle-ci serrait les dents et se serrait la ceinture pour envoyer un pĂ©cule le plus important possible Ă la famille restĂ©e au pays. Ce schĂ©ma est toujours dâactualitĂ©, y compris pour une grande partie de lâimmigration chinoise. On ne rappellera jamais assez lâimportance des transferts financiers pour un grand nombre de pays du Sud », que ce soit le Mexique, les Philippines ou le SĂ©nĂ©gal par exemple. Simplement, dans le cas des Chinois, il est compliquĂ© par le fait que les flux financiers entre la Chine et la France ne sont pas seulement lâĆuvre des immigrĂ©s en 2018, le dĂ©ficit commercial de la France avec ce pays Ă©tait de 30 milliards de dollars. Et il faut y ajouter les investissements chinois en France, en trĂšs forte hausse, mĂȘme sâils sont plus ou moins rĂ©ussis, comme le rachat de lâaĂ©roport de Toulouse. [17]Ă sa petite Ă©chelle, câest aussi ça le sens du Fashion Center dâAubervilliers dont nous parlions plus haut, dans ce dĂ©partement qui est le plus pauvre de France. Un autre exemple peut ĂȘtre donnĂ© par lâexplosion du tourisme chinois. LĂ aussi, si lâon compare avec des immigrations antĂ©rieures, en lâoccurrence europĂ©enne, on perçoit bien les points communs et la grande diffĂ©rence. Le regard sur les Italiens et les Espagnols sâest modifiĂ© quand leur position sociale a changĂ© quand ils ont cessĂ© dâĂ©migrer et sont passĂ©s, pour dire les choses rapidement, du statut de maçon ou femme de mĂ©nage Ă celui de touristes. LâhostilitĂ©, ou tout du moins la condescendance mĂ©prisante a disparu car ce nâĂ©tait plus des pauvres qui prenaient les boulots les plus durs, mais des Ă©gaux qui venaient dĂ©penser de lâargent. Le problĂšme avec les Chinois, câest quâils sont simultanĂ©ment migrants... et touristes. Qui plus est des touristes qui comptent, non seulement par leur nombre, plus de 2,2 millions en 2018 et ce chiffre ne cesse dâaugmenter, mais surtout par leurs dĂ©penses, supĂ©rieures Ă 4 milliards. Encore peu coutumiers des cartes de crĂ©dit, porteurs de fortes sommes en liquide, ces touristes sont dâailleurs eux aussi une cible privilĂ©giĂ©e des pickpockets en tous genres. Ces larcins ajoutĂ©s aux agressions dont sont victimes les ressortissants chinois ont amenĂ© les autoritĂ©s chinoises Ă hausser le ton Ă plusieurs reprises et Ă demander Ă la France dâassurer la sĂ©curitĂ© de leurs citoyens ce quâon ne saurait lui reprocher. Câest ce que fit en son temps le prĂ©sident Boumedienne lors de la vague dâagressions contre les ouvriers algĂ©riens en 1972. Et comme toujours dans ces cas-lĂ , la presse chinoise en a rajoutĂ©, faisant de certains quartiers de Paris et sa banlieue, de vĂ©ritables coupe-gorges. Or, il en coĂ»te cher de provoquer lâire des rĂ©seaux sociaux chinois Dolce Gabbana et Versace lâont appris voici peu Ă leurs dĂ©pens et notre industrie du luxe sait trop bien ce quâelle doit Ă lâenrichissement spectaculaire de millions de Chinois. Le racisme anti-chinois et par extension anti-asiatique, car les agresseurs ne cherchent pas Ă savoir si leur victime vient de Wenzhou ou du delta du MĂ©kong [18], est pour une trĂšs grande part, un racisme du ressentiment [19]. Une partie des quolibets dont ils sont la cible, les accents ou les traits physiques moquĂ©s, font hĂ©las partie du paquetage de lâĂ©tranger. Le mangeur de nems » a bien des points communs avec le macaroni » [20]. Mais les fantasmes quâengendrent les Chinois et qui sont Ă lâorigine de leurs multiples agressions ont davantage de points communs avec lâantisĂ©mitisme quâavec le racisme du mĂ©pris qui touchent dâautres communautĂ©s. Avoir de lâargent mĂȘme quand on a lâair pauvre, ĂȘtre fourbe et faire ses coups en douce, ĂȘtre puissant et voir les autres sâincliner... autant dâaccusations qui sont communes aux juifs et aux Asiatiques. Il nâest jusquâĂ lâĂ©clatante rĂ©ussite scolaire des enfants ou la popularitĂ© des festivitĂ©s du Nouvel an chinois [21] qui se soient sujettes Ă ressentiment pour des populations immigrĂ©es comme eux, qui ont le sentiment dâĂȘtre laissĂ©es-pour-compte et de regarder passer le train de la mondialisation. Se faire un Chinois » devient alors une maniĂšre de faire payer Ă plus fragile que soi tout ce que vous inflige une sociĂ©tĂ© dure aux faibles et douce aux puissants. Comprendre le ressort du ressentiment est une chose mais rester paralysĂ© devant des faits inadmissibles, en est une autre. ApprĂ©hender une rĂ©alitĂ© mouvante Quarante ans ont passĂ© depuis lâarrivĂ©e des boat-people, trente ans depuis le dĂ©but de lâimmigration chinoise. Et la gauche radicale ne semble toujours pas savoir comment apprĂ©hender ces hommes et ces femmes. Voici un exemple, anodin mais qui en dit long. Dans la grande enquĂȘte de lâINED, Trajectoires et Origines, EnquĂȘte sur la diversitĂ© des population en France » [22], un fait saute aux yeux quant au parcours scolaire des descendants dâimmigrĂ©s en France comparĂ©es au groupe majoritaire rĂ©fĂ©rent 48 % des enfants dont les parents sont originaires du Sud-Est asiatique Vietnam, Cambodge, Laos, obtiennent un diplĂŽme du supĂ©rieur, quand ils ne sont que 34 % dans la population majoritaire », soit 14 points de diffĂ©rence, ce qui est Ă©norme. Et pour ceux qui glosent sur le privilĂšge blanc », signalons que ce pourcentage est de 26 % pour les descendants dâEspagnols et dâItaliens, et de 28 % pour les Portugais, 20 points dâĂ©cart ! Cette diffĂ©rence, ahurissante, a-t-elle Ă©tĂ© analysĂ©e ? A-t-on essayĂ© de voir quel rĂŽle a pu jouer lâaccueil reçu ? A-t-on essayĂ© de comprendre quelles Ă©taient les racines sociales, culturelles, familiales... de cette rĂ©ussite ? Point du tout. Que ces populations soient originaires dâanciennes colonies françaises pourraient amener une rĂ©flexion comparative avec dâautres populations qui ont cette histoire en commun. Point du tout. On pourrait aussi regarder le rapport quâentretient la communautĂ© chinoise avec son pays dâorigine et son pays dâaccueil, et le comparer Ă dâautres communautĂ©s. La Chine nâaccepte pas la double nationalitĂ© [23], tout comme lâInde, pour prendre un autre gĂ©ant asiatique. Les immigrĂ©s chinois doivent donc choisir, notamment pour les enfants nĂ©s ici. Et pourtant les liens culturels restent trĂšs forts mĂȘme en cas de mono-nationalitĂ© ». Trop forts dâailleurs au goĂ»t de certains prompts Ă soupçonner la 5e colonne » dâun pays qui fait peur Ă beaucoup car perçu comme destructeur dâemplois. Le fameux pĂ©ril jaune » a suivi lâĂ©volution de la Chine si la hantise de la submersion dĂ©mographique est toujours prĂ©sente, elle sâaccompagne maintenant de la crainte Ă©conomique, alimentĂ©e par les appĂ©tits de ce pays hier sous-dĂ©veloppĂ© devenu aujourdâhui une puissance impĂ©rialiste. Lâenjeu est de taille pour la gauche il est possible de rĂ©pondre aux inquiĂ©tudes lĂ©gitimes des Asiatiques, sans dĂ©magogie sĂ©curitaire mais sans ĂȘtre dans le dĂ©ni par angĂ©lisme ou dĂ©sarroi. Ă Aubervilliers comme dans le 94, la communautĂ© sâorganise tĂ©lĂ©phone et messagerie instantanĂ©e pour prĂ©venir les agressions ; apprentissage de lâautodĂ©fense pour les femmes, rondes rĂ©guliĂšres [24]. Il faut encourager cette auto-organisation, pointer les rĂŽles respectifs des associations et des pouvoirs publics et mettre en garde contre toute tentation de dĂ©fense privĂ©e qui nâaurait pour rĂ©sultat que de pourrir un peu plus les relations entre communautĂ©s. Il faut souligner que cette demande de davantage de policiers qui protĂšgent les citoyens, et qui ne jouent pas les ninjas, nâest pas propres aux Asiatiques comme le montre la lettre ouverte de maires de Seine-Saint-Denis dĂ©nonçant lâabandon de leurs communes par les pouvoirs publics [25]. Si la gauche ou les organisations antiracistes ne font pas ce travail, dâautres sont en embuscade. Car nombre dâex-rĂ©fugiĂ©s, leurs enfants, la seconde gĂ©nĂ©ration chinoise votent et pour les sĂ©duire, la droite et lâextrĂȘme-droite font leurs choux gras de ces agressions et opposent dâhonnĂȘtes travailleurs asiatiques Ă des voyous noirs et arabes. On peut compter sur les mĂ©dias comme Russia Today pour relayer avec complaisance le moindre vol de portable et lâon connaĂźt hĂ©las la popularitĂ© de cette officine poutinienne. [26] Se couper de la communautĂ© asiatique, câest non seulement ignorer une population dont lâincroyable dynamisme devrait pour le moins nous intriguer, mais câest aussi laisser faire une Ă©volution politique qui est tout sauf une fatalitĂ©. Je ne crois pas que nous puissions nous permettre ce luxe. Paris, le 7 septembre 2019
Certes dâautres troupes ont participĂ© Ă la grande oeuvre; il nâest sans doute pas un des cent rĂ©giments existant avant 1870 qui nâait combattu en Barba.ne. Mais la plupart nâont fait que passer, et, depuis leur crĂ©ation, les rĂ©giments de zouaves, de chasseurs dâAfrique, de Io. LĂ©gion Ă©trangĂšre de tirailleurs algĂ©riens, de spahis, nâont pas cessĂ© de participer Ă la
LâAlgĂ©rie en arabe ۧÙŰŹŰČۧۊ۱ est un pays dâAfrique du Nord faisant partie du Maghreb. Ferhat AbbasModifier Nous sommes les fils d'un monde nouveau, nĂ© de l'esprit et de l'effort français. Ferhat Abbas, 23 fĂ©vrier 1936, journal L'Entente, dans Les drames de la dĂ©colonisation, 1900-1975, paru Ăditions Roblot, 1975, Jean Bonnet. Si j'avais dĂ©couvert la nation algĂ©rienne, je serais nationaliste et je n'en rougirais pas comme d'un crime. Les hommes morts pour l'idĂ©al patriotique sont journellement honorĂ©s et respectĂ©s. Ma vie ne vaut pas plus que la leur. Et cependant je ne mourrai pas pour la patrie algĂ©rienne parce que cette patrie n'existe pas. Je ne l'ai pas dĂ©couverte. J'ai interrogĂ© les vivants et les morts, j'ai visitĂ© les cimetiĂšres, personne ne m'en a parlĂ© [ ... ]. On ne bĂątit pas sur le vent. Ferhat Abbas, 23 fĂ©vrier 1936, journal L'Entente, dans L'Afrique du Nord en marche, paru Ăditions Julliard, 1972, Charles-AndrĂ© Julien. Nous sommes chez nous. Nous ne pouvons aller ailleurs. Câest cette terre qui a nourri nos ancĂȘtres, câest cette terre qui nourrira nos enfants. Libres ou esclaves, elle nous appartient, nous lui appartenons et elle ne voudra pas nous laisser pĂ©rir. LâAlgĂ©rie ne peut vivre sans nous. Nous ne pouvons vivre sans elle. Celui qui rĂȘve Ă notre avenir comme Ă celui des Peaux-Rouges dâAmĂ©rique se trompe. Ce sont les Arabo-BerbĂšres qui ont fixĂ©, il y a quatorze siĂšcles, le destin de lâAlgĂ©rie. Ce destin ne pourra pas demain sâaccomplir sans eux. L'AlgĂ©rie, pays mal aimĂ©, ballottĂ© par le vent des passions humaines, fut meurtrie, appauvrie, mutilĂ©e. AprĂšs le drame de la guerre, les musulmans connaĂźtront celui du vide et de la solitude. La communautĂ© française, Ă cause des erreurs qu'elle a commises, s'est exilĂ©e de l'autre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e. MalgrĂ© l'accueil de la France, ces Français pleurent le pays qui les a vu naĂźtre. Les AlgĂ©riens, de leur cĂŽtĂ©, pleurent un grand nombre d'entre eux. D'autres cadres sont venus de toute l'Europe. Ces cadres ne valent pas ceux que l'AlgĂ©rie a perdus. L'AlgĂ©rie est un vaste pays oĂč beaucoup de choses restent Ă faire. Tous ses enfants y avaient leur place. La RĂ©publique algĂ©rienne, Ă©difiĂ©e par les uns et les autres, pouvait dans les meilleures conditions, multiplier les richesses du pays, assurer son dĂ©veloppement et sa prospĂ©ritĂ© et guĂ©rir ses blessures. Ces Français qui avaient grandi au milieu de nous et qui Ă©taient aussi AlgĂ©riens que nous, Ă©taient un maillon qui rattachait notre pays Ă la civilisation et Ă la technique française. Nous, Musulmans, Ă©tions un autre maillon qui liait ce mĂȘme pays Ă l'Orient et Ă l'Afrique. Nos chances de succĂšs Ă©taient doubles. Autopsie d'une guerre l'aurore 1980, Ferhat Abbas, Ă©d. Garnier, 1980, p. 325 Hocine AĂŻt AhmedModifier Les religions, les cultures juive et chrĂ©tienne se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourdâhui hĂ©gĂ©monistes. Avec les Pieds-Noirs et le dynamisme - je dis bien les Pieds-Noirs et non les Français - lâAlgĂ©rie serait aujourdâhui une grande puissance africaine, mĂ©diterranĂ©enne. HĂ©las ! Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques, stratĂ©giques. Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont lâAlgĂ©rie devra rĂ©pondre au mĂȘme titre que la Turquie envers les ArmĂ©niens. Propos de Hocine AĂŻt Ahmed, ancien chef historique du FLN, en juin 2005, Revue Ensemble, n°248L'Europe face Ă son passĂ© colonial, Daniel Lefeuvre, Ă©d. Riveneuve, 2008, p. 31 Avant ? vous voulez dire du temps de la colonisation ? du temps de la France ? mais c'Ă©tait le paradis! des fleurs, des fruits, des lĂ©gumes partout, des restaurants. Maintenant nous manquons de tout de crĂšches, d'Ă©coles, d'hĂŽpitaux, de dispensaires, mais le Parti et la police ont des immeubles neufs... La plus grande misĂšre ici est intellectuelle. RĂ©ponse de Hocine AĂŻt Ahmed au journaliste français du Figaro magazine en fĂ©vrier 1990 qui lui demandait comment Ă©tait l'AlgĂ©rie avant l'indĂ©pendance SaĂŻd BoualamModifier Sur les drapeaux des rĂ©giments de tirailleurs algĂ©riens et sur les Ă©tendards des spahis est gravĂ©e une devise. Ce n'est mĂȘme pas Honneur et FidĂ©litĂ© » mais Honneur et Patrie », notre Patrie, c'est la France, et nous n'admettons pas qu'on l'arrache de nos cĆurs. Nous n'admettons pas, aprĂšs le 13 mai, aprĂšs le rĂ©fĂ©rendum du 28 septembre, qu'on revienne sur notre volontĂ© de vivre et de mourrir français. Nous n'admettons pas non plus que la MĂ©trople soit consultĂ©e pour savoir si l'on nous autorise Ă ĂȘtre français. C'est une injure qui nous est faite, Ă nous Musulmans, qui avons dĂ©fendu sur tous les champs de bataille un patrimoine commun, un honneur commun, une patrie unique et qui sommes d'ailleurs un mĂ©lange de races, de confessions et de peuples ni plus ni moins divers que le peuple français lui-mĂȘme. DĂ©claration du Bachaga Boualam, vice-prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale, le 28 janvier 1960De Psichari Ă de Gaulle, Marcel Gallienne, Ă©d. La pensĂ©e universelle, 1978, p. 187 Quand les Français dĂ©barquĂšrent sur nos cĂŽtes, le mot AlgĂ©rie nâexistait pas. Notre histoire commence en 1845 comme celle de la France, en tant que peuple, a commencĂ© avec les CapĂ©tiens. 1830, en cette terre dâAfrique du Nord, câest le chaos, deux millions dâesclaves rançonnĂ©s par les pillards ou les fĂ©odaux, rongĂ©s par la syphilis, le trachome, le cholĂ©ra, la malaria ; des dĂ©serts, des marais pestilentiels, plus rien de ce qui avait Ă©tĂ© la paix romaine. Mon pays la France 1963, SaĂŻd Boualam, Ă©d. Pocket, 1973, p. 23 Tout AlgĂ©rien raisonnable reconnait Ă la France le mĂ©rite de l'avoir arrachĂ©, sur tous les plans, au stade moyenĂągeux. Les Harkis au service de la France 1963, SaĂŻd Boualam, Ă©d. France-Empire, 1963, p. 178 On peut tourner la page d'une histoire qui a durĂ© cent trente ans, mais on ne peut pas effacer l'Histoire. On ne peut pas effacer ce que la France a apportĂ© Ă l'AlgĂ©rie, cette prĂ©sence qui est dans le cĆur de ses pires ennemis, dans les pierres des villes et des villages, dans les champs, dans les vignes et jusque dans ce paysage qui a Ă©tĂ© modelĂ© par la France. Les Harkis au service de la France 1963, SaĂŻd Boualam, Ă©d. France-Empire, 1963, p. 264 Albert CamusModifier Je sais les prestiges et le pouvoir sournois de ce pays, la façon insinuante dont il retient ceux qui s'y attardent, dont il les immobilise, les prive d'abord de questions et les endort pour finir dans la vie de tous les jours. La rĂ©vĂ©lation de cette lumiĂšre, si Ă©clatante, qu'elle en devient noire et blanche, a d'abord quelque chose de suffocant. On s'y abandonne, on s'y fixe et on s'aperçoit que cette trop longue splendeur ne donne rien Ă l'Ăąme et qu'elle n'est qu'une jouissance dĂ©mesurĂ©e. L'ĂtĂ©, Albert Camus, Ă©d. Gallimard,, 1954, p. 92 Louis ChevalierModifier C'est la France qui a contribuĂ© au progrĂšs de l'Islam [en AlgĂ©rie], en rendant par exemple l'usage de l'arabe obligatoire dans les justices de paix. L'islamisation de la Kabylie en particulier est d'Ă©poque rĂ©cente. Le problĂšme dĂ©mographique nord-africain 1947, Louis Chevalier, Ă©d. Presses universitaires de France, 1947, p. 196 Aziz ChouakiModifier Il y a aussi un concept sur lequel j'aime bien faire friser les cheveux des gens c'est dire que l'AlgĂ©rie a Ă©tĂ© inventĂ©e par la France, qu'elle a Ă©tĂ© créée de toute piĂšce en 1830 dans des bureaux. La France, quand elle est arrivĂ©e, avait affaire Ă une RĂ©gence, avec les beylicats, des tribus qui prĂȘtaient allĂ©geance ou qui acceptaient l'impĂŽt turc ; c'est tout ce qu'il y avait. Il n'y avait ni frontiĂšre, ni drapeau, ni nom, ni AlgĂ©rie, ni DjazaĂŻr, ni rien du tout. A l'Ă©poque DjazaĂŻr, c'Ă©tait un terme marin, qui dĂ©signait des petites Ăźles qu'il y avait au port d'Alger, c'est tout. Entretien avec Aziz Chouaki le 5 janvier 1999Les mots du Bled CrĂ©ation contemporaine en langues maternelles, Les artistes ont la parole, Fellag, Dominique Caubet, Ă©d. L'Harmattan, 2004, p. 164 GĂ©nĂ©ral Jean DelaunayModifier Pour trop de nos contemporains, les campagnes de Tunisie et d'Italie restent des inconnues, Ă©clipsĂ©es qu'elles ont Ă©tĂ© par les rĂ©cits de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation et l'Ă©popĂ©e de la 2e Juin n'a pas, comme Leclerc, une rue dans toutes nos villes. Et pourtant ses soldats ont contribuĂ© Ă la LibĂ©ration, sur le plan stratĂ©gique en perçant le redoutable front dĂ©fensif allemand d'Italie, et sur le plan moral, en montrant aux AlliĂ©s et au monde que l'armĂ©e française Ă©tait redevenue crĂ©dible. [...] Les engagĂ©s algĂ©riens et marocains constituaient l'essentiel des troupes du Corps ExpĂ©ditionnaire Français d'Italie. Ils ont fait la preuve de leur bravoure et de leur fidĂ©litĂ© Ă la France [...]. Il en rĂ©sulte que nous avons une immense dette de reconnaissance Ă la fois vis-Ă -vis de ces soldats maghrĂ©bins et de leurs descendants, et vis-Ă -vis de leurs chefs. De SĂ©tif Ă Marseille, par Cassino Carnets de guerre de Jean Lapouge, sous-lieutenant au 7e RTA, Jean Lapouge, Ă©d. Anovi, 2006, prĂ©face du gĂ©nĂ©ral Jean Delaunay, ancien Chef d'Ă©tat-major de l'armĂ©e de terre française de 1980 Ă 1983, p. 9 Jacques DerridaModifier Je parle ici, comme AlgĂ©rien devenu français un moment donnĂ©, ayant perdu sa citoyennetĂ© française, et l'ayant retrouvĂ©e. Parmi toutes les richesses culturelles que j'ai reçues, que j'ai hĂ©ritĂ©es, ma culture algĂ©rienne est parmi celles qui m'ont le plus fortement soutenu. L'hĂ©ritage que j'ai reçu de l'AlgĂ©rie est quelque chose qui a probablement inspirĂ© mon travail philosophique. Tout le travail que j'ai poursuivi, Ă l'Ă©gard de la pensĂ©e philosophique europĂ©enne, occidentale, comme on dit, grĂ©co-europĂ©enne, les questions que j'ai Ă©tĂ© amenĂ© Ă lui poser depuis une certaine marge, une certaine extĂ©rioritĂ©, n'auraient certainement pas Ă©tĂ© possibles si, dans mon histoire personnelle, je n'avais pas Ă©tĂ© une sorte d'enfant de la marge de l'Europe, un enfant de la MĂ©diterranĂ©e, qui n'Ă©tait ni simplement français ni simplement africain, et qui a passĂ© son temps Ă voyager d'une culture Ă l'autre et Ă nourrir les questions qu'il se posait Ă partir de cette instabilitĂ©. Tout ce qui m'a intĂ©ressĂ© depuis longtemps, au titre de l'Ă©criture, de la trace, de la dĂ©construction de la mĂ©taphysique occidentale - que je n'ai jamais, quoi qu'on en ait rĂ©pĂ©tĂ©, identifiĂ©e comme une chose homogĂšne ou dĂ©finie au singulier -, tout cela n'a pas pu ne pas procĂ©der de cette rĂ©fĂ©rence Ă un ailleurs dont le lieu et la langue m'Ă©taient pourtant inconnus ou interdits. Maurice FaivreModifier Cette histoire de 130 annĂ©es, ou combattants français et musulmans ont combattu cĂŽte Ă cĂŽte pour la dĂ©fense des valeurs de libertĂ© et de dĂ©mocratie, s'est achevĂ©e dans la guerre civile et le sang, contrairement Ă ce qui s'est passĂ© en Tunisie et au Maroc. Les accords d'Evian, qui devaient consacrer la coopĂ©ration de nos deux peuples, n'ont Ă©tĂ© qu'une paix ratĂ©e. En livrant l'AlgĂ©rie Ă la domination d'un parti totalitaire, dont les responsables se battaient "au couteau" pour accaparer richesses et pouvoir, la France a condamnĂ© les adeptes des valeurs rĂ©publicaines au massacre et Ă l'exil, et conduit le peuple algĂ©rien, non Ă la libertĂ©, mais Ă l'oppression et Ă la misĂšre, suivies de la rĂ©volte, de l'intolĂ©rance et du retour Ă l'obscurantisme. Notre responsabilitĂ© de Français dans la situation dramatique de l'AlgĂ©rie de 1995 est donc grande. Les combattants musulmans de la Guerre d'AlgĂ©rie, Maurice Faivre, Ă©d. L'Harmattan, 1995, p. 231 Abderrahmane FarĂšsModifier S'il est en AlgĂ©rie un domaine oĂč l'effort de la France ne se discute pas, c'est bien le domaine de l'enseignement. On peut et on doit dire que l'Ă©cole a Ă©tĂ© un succĂšs certain. Les vieux maĂźtres, les premiers instituteurs ont apportĂ© toute leur foi pĂ©dagogique sans arriĂšre pensĂ©e et leur influence a Ă©tĂ© extrĂȘmement heureuse. Abderrahmane FarĂšs Ă©tait un homme politique algĂ©rien, prĂ©sident de l'ExĂ©cutif provisoire algĂ©rien en 1962AĂŻn-TĂ©mouchent de ma jeunesse, Louis Abadie, Ă©d. Serre Editeur, 2004, p. 110 Mouloud FeraounModifier Quand l'AlgĂ©rie vivra, je souhaite qu'elle se souvienne de la France et de tout ce qu'elle lui doit. EugĂšne GuernierModifier Il n'est pas sans intĂ©rĂȘt de noter que cette appellation [AlgĂ©rie] consacrait la conquĂȘte arabe et on peut se demander pourquoi les hommes politiques français du moment, tenant mieux compte du passĂ©, n'ont pas adoptĂ© les noms de Numidie ou de Kabylie. La BerbĂ©rie, l'islam et la France, EugĂšne Guernier, Ă©d. Union française, 1952, t. 2, p. 53 Cette disposition [reconnaissant la langue arabe comme langue officielle et son enseignement], qui apparait comme logique et naturelle aux esprits sincĂšres, comporte des consĂ©quences d'une exceptionnelle gravitĂ©. Tout d'abord, elle sanctionne la dĂ©route et la disparition de la civilisation berbĂšre qui, appelĂ©e Ă perdre sa langue, est aussi Ă la veille de perdre son Ăąme. En cette matiĂšre la France a pris lĂ une responsabilitĂ© immense dont elle pourrait un jour subir le poids. [...] AprĂšs avoir sanctionnĂ© l'islamisation des BerbĂšres, elle reconnait la lĂ©gitimitĂ© de leur arabisation. L'ensemble constitue la plus grande victoire remportĂ©e par les Arabes au Maghreb. Il constitue la plus lourde faute de la France devant l'Histoire et devant elle-mĂȘme. La BerbĂ©rie, l'islam et la France, EugĂšne Guernier, Ă©d. Union française, 1952, t. 2, p. 71-72 GĂ©nĂ©ral AndrĂ© LenormandModifier Les tirailleurs algĂ©riens Ă©crivirent pour l'armĂ©e française des pages parmi les plus glorieuses de son histoire. Au cours de la guerre 1914-1918, leur discipline et leur courage leur valurent les plus hautes distinctions. Au cours de la 2° guerre mondiale, ils renouvelĂšrent leurs exploits, en Tunisie, puis en Italie. Ils furent parmi les remarquables combattants qui, Ă Cassino, obligĂšrent la Wehrmacht Ă se replier. C'est la 3° division algĂ©rienne, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral de Monsabert, qui, au prix de combats acharnĂ©s et de lourdes pertes, enleva le BelvĂ©dĂšre et ouvrit une brĂšche dans la ligne Gustav. Les tirailleurs algĂ©riens participĂšrent avec les pieds-noirs au dĂ©barquement en Provence et Ă la libĂ©ration de la France. A leur retour d'Indochine, la majoritĂ© d'entre eux reprit le combat en AlgĂ©rie, essentiellement dans les montagnes, pour mener une guerre, qui, au dĂ©part, leur Ă©tait incomprĂ©hensible. Historia Magazine n°218, GĂ©nĂ©ral AndrĂ© Lenormand, Ă©d. Historia, 6 mars 1972, la guerre d'AlgĂ©rie, p. 25 Jacques MarquetteModifier Il serait inadmissible que dans la communautĂ© française de demain, les hĂ©ros de la campagne de libĂ©ration, descendants des glorieux tirailleurs qui Ă l'Alma, Ă SolfĂ©rino, Ă Wissembourg, Ă Verdun et devant la ligne Maginot versĂšrent leur sang pour la France continuent Ă ĂȘtre traitĂ©s en Français auxiliaires. Une France nouvelle pour le monde nouveauâ 1944, Jacques Marquette, Ă©d. Maison française, 1944, p. 133 Colonel Abd-El-Aziz MĂ©lianiModifier La Grande Guerre voit l'AlgĂ©rie fournir un lourd contingent de soldats [...] ils versent gĂ©nĂ©reusement leur sang sur les principaux champs de bataille immortalisĂ©s par l'histoire Verdun, la Somme, la Champagne, l'Artois. Ils sont 170 000 Ă traverser la MĂ©diterranĂ©e [...] Ils sont 36 000 Ă donner leur vie pour que la France retrouve sa libertĂ© et la paix. C'Ă©taient les grands-pĂšres des harkis. Pendant la seconde guerre mondiale, alors que la France est captive et muette 230 000 soldats musulmans dont 120 000 Ă 150 000 algĂ©riens luttent entre 1942 et 1945, certains jusqu'au sacrifice suprĂȘme. [...] ils inscrivent dans le livre d'or de l'histoire de France des pages de gloire qui ont pour nom BelvĂ©dĂšre, Monte Cassino, Rome, le Rhin, Strasbourg, Belfort. Pour la seconde fois au cours de ce siĂšcle, ces soldats rendent sa dignitĂ© Ă la patrie et lui restituent sa place dans le monde. C'Ă©taient les pĂšres des harkis. Le drame des harkis la France honteuse, Aziz Meliani, Ă©d. Perrin, 1993, p. 31 Marcel-Edmond NaegelenModifier Dans l'Ćuvre française en AlgĂ©rie, il y a, certes, bien des insuffisances, bien des erreurs, bien des fautes, peut-ĂȘtre quelques crimes. Mais ce n'est pas sur quelques taches qui parsĂšment sa façade que l'on juge un Ă©difice. C'est sur architecture gĂ©nĂ©rale. L'AlgĂ©rie est une crĂ©ation française, dont la France doit et peut ĂȘtre fiĂšre. Avant notre arrivĂ©e [...] il n'y avait pas d'AlgĂ©rie. C'Ă©tait de la cĂŽte au Sahara et de TĂ©bessa Ă Tlemcen le chaos et l'anarchie. Les tribus se combattaient, la guerre et le brigandage Ă©taient partout. Ce pays n'avait pas de nom parce qu'il n'avait pas d'unitĂ©, parce qu'il n'existait pas. Ce sont les Français qui lui donnĂšrent son nom AlgĂ©rie [...]. Nous avons fait ce pays, Ă©conomiquement et mĂȘme politiquement. Et si nous n'y avons pas tout fait, si nous y avons pĂ©chĂ© par sous-dĂ©veloppement, sous-administration, sous-encadrement, du moins lui avions-nous apportĂ© la paix intĂ©rieure et peu Ă peu le sentiment de son existence. 15 janvier 1957, Marcel-Edmond Naegelen fut dĂ©putĂ© socialiste, ministre et gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie de 1948 Ă 1830-1962, Jeanne CaussĂ©, Bruno de Cessole, Ă©d. Maisonneuve & Larose, 1999, Marcel-Edmond Naegelen, 15 janvier 1957, p. 473 Jean-Claude PerezModifier Il ne faut pas avoir peur des mots c'est un vĂ©ritable racisme anti-arabe qui constitua en derniĂšre analyse le fondement majeur du rejet de l'AlgĂ©rie. Les grands motifs philosophiques et gĂ©nĂ©reux que l'on invoquait libertĂ© des peuples Ă disposer d'eux-mĂȘmes, lutte contre l'impĂ©rialisme, dĂ©colonisation, furent des leurres politiques, agitĂ©s devant l'opinion, des leurres de propagande, habilement utilisĂ©s pour camoufler cette rĂ©pugnance de se mĂ©langer avec ces gens de lĂ -bas, ceux qui ne seront jamais des Français. Le Sang d'AlgĂ©rie 1992, Jean-Claude Perez, Ă©d. Dualpha, 2006, p. 102-103 Boualem SansalModifier Le Figaro Avez-vous la nostalgie de la prĂ©sence française ?Boualem Sansal Comme 80% des AlgĂ©riens. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes nostalgiques de la colonisation. Mais au temps de la prĂ©sence française, l'AlgĂ©rie Ă©tait un beau pays, bien administrĂ©, plus sĂ»r, mĂȘme si de criantes inĂ©galitĂ©s existaient. Beaucoup d'AlgĂ©riens regrettent le dĂ©part des pieds-noirs. S'ils Ă©taient restĂ©s, nous aurions peut-ĂȘtre Ă©vitĂ© cette tragĂ©die. Je suis un iconoclaste qui dĂ©nonce les mensonges de la guerre de libĂ©ration. J'ose toucher Ă un mythe fondateur, mais un mythe est fait pour ĂȘtre discutĂ©. L'AlgĂ©rie a Ă©tĂ© construite par la France dont elle porte les valeurs du XIXĂšme. Alger est une ville squattĂ©e. Ils sont loin d'avoir trouvĂ© les clĂ©s. Aujourd'hui, elle tourne le dos Ă la mĂ©diterranĂ©e en regardant vers l'Iran et les pays arabes. Chez nous, les politiques s'expriment comme des imams tĂ©nĂ©breux. La France est le centre du monde par son immense culture et sa libertĂ©. C'est le pays de l'Ă©quilibre par excellence. La libertĂ© est une notion riche et profonde en Occident. Ici, en guise de libertĂ©, c'est le foutoir, l'apostrophe, l'insulte et la bagarre de rues. Le serment des barbares, Boualem Sansal, Ă©d. Gallimard, 2001, p. 325 Il faut en finit avec ces bĂȘtes immondes, avec ces barbares des temps obscurs, ces porteurs de tĂ©nĂšbres, oublier les serments pleins d'orgueil et de morgue qu'ils ont rĂ©ussi Ă nous extorquer au sortir de ces annĂ©es de guerre. La lumiĂšre n'est pas avec eux et les lendemains ne chantent jamais que pour les hommes libres. Le serment des barbares, Boualem Sansal, Ă©d. Gallimard, 2001, p. 335 Quarante ans est un temps honnĂȘte, ce me semble, pour reconnaĂźtre que ces foutus colons ont plus chĂ©ri cette terre que nous qui sommes ses enfants. Le serment des barbares, Boualem Sansal, Ă©d. Gallimard, 2001, p. 375 Kateb YacineModifier Pendant ces treize siĂšcles, on a arabisĂ© le pays mais on a en mĂȘme temps Ă©crasĂ© le tamazight, forcĂ©ment. Ăa va ensemble. Lâarabisation ne peut jamais ĂȘtre autre chose que lâĂ©crasement du tamazight. Lâarabisation, câest imposer Ă un peuple une langue qui nâest pas la sienne, et donc combattre la sienne, la tuer.[...] LâAlgĂ©rie arabo-islamique, câest une AlgĂ©rie contre elle-mĂȘme, une AlgĂ©rie Ă©trangĂšre Ă elle-mĂȘme. Câest une AlgĂ©rie imposĂ©e par les armes, parce que lâislam ne se fait pas avec des bonbons et des roses. Il sâest fait dans les larmes et le sang, il sâest fait par lâĂ©crasement, par la violence, par le mĂ©pris, par la haine, par les pires abjections que puisse supporter un peuple. On voit le rĂ©sultat. Aux origines des cultures du peuple entretien avec Kateb Yacine » 1987, dans Revue Awal, n° 9/1992 - Hommage Ă Kateb Yacine, Kateb Yacine, Ă©d. MSH, 1992, p. 127 L'idĂ©ologie de la nation arabe » et l'intĂ©grisme musulman sont les deux principales forces qui s'opposent au progrĂšs [en AlgĂ©rie]. Kateb Yacine, 1985, dans Le poĂšte comme un boxeur, paru Seuil, 1994, Kateb Yacine. Jean-Marie Le PenModifier Ce quâil faut dire aux AlgĂ©riens, ce nâest pas quâils ont besoin de la France, mais que la France a besoin dâeux. Câest quâils ne sont pas un fardeau ou que, sâils le sont pour lâinstant, ils seront au contraire la partie dynamique et le sang jeune dâune nation française dans laquelle nous les aurons intĂ©grĂ©s. [...] Jâaffirme que dans la religion musulmane rien ne sâoppose au point de vue moral Ă faire du croyant ou du pratiquant musulman un citoyen français complet. Bien au contraire, sur lâessentiel, ses prĂ©ceptes sont les mĂȘmes que ceux de la religion chrĂ©tienne, fondement de la civilisation occidentale. Dâautre part, je ne crois pas quâil existe plus de race algĂ©rienne que de race française [...]. Je conclus offrons aux musulmans dâAlgĂ©rie lâentrĂ©e et lâintĂ©gration dans une France dynamique. Au lieu de leur dire comme nous le faisons maintenant Vous nous coĂ»tez trĂšs cher, vous ĂȘtes un fardeau », disons leur Nous avons besoin de vous . Vous ĂȘtes la jeunesse de la Nation » [...] Comment un pays qui a dĂ©plorĂ© longtemps de nâavoir pas assez de jeunes pourrait-il dĂ©valuer le fait dâen avoir cinq ou six millions?Intervention du dĂ©putĂ© Jean-Marie Le Pen pour soutenir le maintien de l'AlgĂ©rie française, le 28 janvier 1958, Ă l'AssemblĂ©e NationaleJean-Marie Le Pen, 2e sĂ©ance du 29 janvier 1958, AssemblĂ©e Nationale, dans JO - DĂ©bats parlementaires - AssemblĂ©e Nationale 1958, paru 1958, JO. Voir aussiModifier Guerre d'AlgĂ©rie Organisation armĂ©e secrĂšte Harki ConquĂȘte et colonisation de l'AlgĂ©rie Vous pouvez Ă©galement consulter les articles suivants sur les autres projets WikimĂ©dia
ahx6q. q4w7u2e8lg.pages.dev/975q4w7u2e8lg.pages.dev/818q4w7u2e8lg.pages.dev/767q4w7u2e8lg.pages.dev/454q4w7u2e8lg.pages.dev/178q4w7u2e8lg.pages.dev/822q4w7u2e8lg.pages.dev/10q4w7u2e8lg.pages.dev/448q4w7u2e8lg.pages.dev/973q4w7u2e8lg.pages.dev/231q4w7u2e8lg.pages.dev/283q4w7u2e8lg.pages.dev/124q4w7u2e8lg.pages.dev/997q4w7u2e8lg.pages.dev/731q4w7u2e8lg.pages.dev/202
c est nous les descendants des régiments d afrique