Lors de chaque campagne Ă©lectorale, les stratĂšges politiques dressent le portrait type de lâĂ©lecteur Ă sĂ©duire. Et Charles Gaudreau correspond parfaitement Ă la description⊠de tous les partis ! Ce rĂ©sidant de Beauport, Ă QuĂ©bec, sâintĂ©resse Ă la politique, possĂšde une maison en banlieue, deux autos, et ses fils de 15 et 19 ans sont encore dans le nid familial. De plus, ce producteur publicitaire et cinĂ©matographique habite dans une circonscription dite pivot », oĂč toutes les formations ont des chances de gagner. Surtout, il est un Ă©lecteur infidĂšle. Au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, il a votĂ© pour quatre partis diffĂ©rents aux Ă©lections fĂ©dĂ©rales. Pour la prĂ©sente campagne, ce grand brun sportif de 47 ans, que ses amis appellent Chuck », hĂ©site de nouveau. Ma blonde va voter pour Justin parce quâelle le trouve gentil, lance-t-il pour la taquiner. Mais pas moi ! » Le vote de Charles Gaudreau est trĂšs convoitĂ©. En 2019, la circonscription de BeauportâLimoilou a Ă©tĂ© remportĂ©e par la bloquiste Julie Vignola par une marge dâĂ peine 3,9 % moins de 2 000 votes dâavance sur le Parti conservateur et le Parti libĂ©ral, au coude-Ă -coude en deuxiĂšme place. Cette fois encore, ce sera une lutte Ă trois. Je dĂ©place mon vote en fonction des promesses, de lâĂ©volution des partis et du candidat local. Je veux quelquâun de dĂ©gourdi pour me reprĂ©senter ! » sâexclame Charles Gaudreau, joint au tĂ©lĂ©phone sur le plateau de tournage dâune publicitĂ© de fajitas. Ă prĂšs de 300 km en amont du Saint-Laurent, dans la circonscription de ChĂąteauguayâLacolle, le cĆur de Karine HĂ©bert, 37 ans, balance Ă©galement libĂ©raux ? conservateurs ? Je nâen ai aucune idĂ©e ! Je vais regarder les engagements et les candidats les plus prĂ©sents », explique cette mĂšre de famille de Napierville, qui a exclu le Bloc quĂ©bĂ©cois de son Ă©quation puisque la souverainetĂ© du QuĂ©bec nâest pas lâune de ses prĂ©occupations. Ces derniĂšres annĂ©es, Karine HĂ©bert a votĂ© pour diffĂ©rentes formations. Lors du scrutin de 2019, dans cette circonscription au sud de MontrĂ©al, la libĂ©rale Brenda Shanahan lâavait emportĂ© par seulement 639 voix sur sa rivale du Bloc quĂ©bĂ©cois, soit lâune des courses les plus serrĂ©es au pays. MĂȘme scĂ©nario dans la circonscription de CoquitlamâPort Coquitlam, Ă 45 minutes en voiture Ă lâest de Vancouver. Au pied des majestueuses Rocheuses, la rĂ©gion striĂ©e de riviĂšres et de lacs cristallins est chaudement disputĂ©e. Le dĂ©putĂ© libĂ©ral Ron McKinnon a vaincu son rival conservateur par 390 voix en 2019. Et Marie-AndrĂ©e Asselin, 47 ans, est consciente du poids de son vote. Je suis dans une circonscription qui peut dĂ©cider de la couleur du gouvernement, alors je vote stratĂ©giquement, et pas toujours pour le mĂȘme parti. Ăa rend ça excitant ! » raconte avec enthousiasme cette mĂšre de trois garçons de 13, 16 et 18 ans, qui est directrice gĂ©nĂ©rale de la FĂ©dĂ©ration des parents francophones de Colombie-Britannique. De Halifax Ă Vancouver en passant par QuĂ©bec, MontrĂ©al, Ottawa, Toronto ou Winnipeg, les banlieues des grandes villes canadiennes sont le théùtre dâune bataille fĂ©roce entre les partis. En 2019, parmi les 95 circonscriptions oĂč lâĂ©lection sâest dĂ©cidĂ©e par un Ă©cart de moins de 10 %, prĂšs dâune sur deux se trouvait en pĂ©riphĂ©rie des 10 principales villes du pays. Ce sont ces Ă©lecteurs qui, cette fois encore, dĂ©cideront lequel des partis se hissera au pouvoir et lesquels auront un rĂŽle influent Ă la Chambre des communes advenant un gouvernement minoritaire. Une circonscription sur cinq se trouve dans la couronne des grandes villes. Vous ne pouvez pas gagner une Ă©lection sans les banlieues », assure le sondeur Jean-Marc LĂ©ger, qui dirige la sociĂ©tĂ© qui porte son nom. Un parti nâa pas besoin de toutes les remporter, mais il doit en gagner beaucoup. Comme Stephen Harper en 2011, comme Justin Trudeau en 2015 et en 2019. » Au QuĂ©bec, le Bloc sâinvite frĂ©quemment dans la danse. Lors du dernier scrutin, la formation dâYves-François Blanchet a raflĂ© 15 des 23 circonscriptions de banlieues quĂ©bĂ©coises, ce qui a contribuĂ© Ă priver Justin Trudeau dâune majoritĂ© aux Communes. Les Ă©lecteurs des banlieues sont imprĂ©visibles et souvent indĂ©cis jusquâĂ la fin de la campagne, affirme le dĂ©putĂ© conservateur GĂ©rard Deltell. La banlieue, câest une boĂźte Ă surprise ! Ce sont souvent des courses Ă deux ou trois partis. Il nây a jamais rien dâacquis, tout peut changer rapidement », souligne le dĂ©putĂ©, qui est nĂ©, a grandi et a vĂ©cu toute sa vie en banlieue de la capitale quĂ©bĂ©coise. Je suis un gars de la place, comme on dit ! » Il reprĂ©sente Louis-Saint-Laurent, dans la rĂ©gion de QuĂ©bec, une circonscription qui depuis 15 ans a Ă©tĂ© successivement dĂ©tenue par le Bloc quĂ©bĂ©cois, le NPD et le Parti conservateur. *** Les chefs investissent Ă©normĂ©ment dâefforts pour convaincre les Ă©lecteurs des banlieues. Selon les calculs de LâactualitĂ©, en 2019, Justin Trudeau a tenu 57 % de ses activitĂ©s de campagne dans des circonscriptions de banlieue â mĂȘme si celles-ci constituent 20 % des siĂšges aux Communes. Andrew Scheer, du Parti conservateur, et Jagmeet Singh, du NPD, nâĂ©taient pas en reste, y consacrant respectivement 55 % et 47 % de leur temps. Le leader du Bloc quĂ©bĂ©cois, Yves-François Blanchet, a menĂ© 35 % de ses activitĂ©s Ă©lectorales dans les banlieues du QuĂ©bec. En campagne, les partis sâapparentent Ă des entreprises Ă la recherche de clients et dĂ©terminent le coĂ»t-avantage de chaque vote, explique David McGrane, professeur de sciences politiques Ă lâUniversitĂ© de la Saskatchewan, qui Ă©tudie le comportement Ă©lectoral des rĂ©sidants des banlieues depuis plusieurs annĂ©es. Si les banlieues font et dĂ©font les gouvernements, pourquoi la caravane du leader perdrait-elle son temps Ă sillonner des endroits gagnĂ©s ou perdus dâavance ? Le temps est prĂ©cieux en campagne Ă©lectorale et le budget nâest pas illimitĂ©, alors les partis se concentrent lĂ oĂč ils ont un impact », souligne-t-il. Ă coups dâĂ©tudes, des politologues ont depuis longtemps dĂ©terminĂ© que trois grands facteurs influencent le vote dans les pays occidentaux lâĂąge, le niveau de scolaritĂ© et la gĂ©ographie. Plus une personne est ĂągĂ©e, plus elle est rĂ©ceptive aux idĂ©es de droite. Plus un Ă©lecteur est Ă©duquĂ©, plus il a tendance Ă pencher Ă gauche. Finalement, le rĂ©sidant de la campagne sera portĂ© Ă ĂȘtre plus conservateur que celui qui habite dans un centre urbain. Câest Ă©galement observable au Canada, oĂč les conservateurs dominent dans les rĂ©gions rurales, et oĂč les libĂ©raux et les nĂ©o-dĂ©mocrates se partagent les zones urbaines. Ă mi-chemin entre la ville et la campagne, il y a les banlieues. Sây trouve un mĂ©lange dâĂąges, de niveaux de scolaritĂ© et de valeurs, qui constitue un magma Ă©lectoral bouillant et difficile Ă cerner. Il y a de tout en banlieue. Câest le choc entre la ville et la campagne, la gauche et la droite. Les familles y sont surreprĂ©sentĂ©es et, puisquâelles sont les moins fidĂšles Ă un parti, le vote devient compliquĂ© Ă prĂ©dire, ce qui est trĂšs attrayant pour les partis politiques », explique David McGrane. *** La dĂ©putĂ©e et coprĂ©sidente de la campagne libĂ©rale MĂ©lanie Joly ne sâen cache pas la cible est bien dĂ©finie dans les discours de son chef. La classe moyenne du Canada, câest la banlieue », dĂ©clare-t-elle. Et cette classe moyenne des banlieues, elle est endettĂ©e, stressĂ©e et frustrĂ©e », soutient Jean-Marc LĂ©ger, qui sonde les pensĂ©es de ces Ă©lecteurs depuis des annĂ©es. Ces trois caractĂ©ristiques contribuent Ă un vote plus volatil. Elle aime le changement, tente de se sortir de sa situation », dit-il. La classe moyenne des banlieues a sans cesse lâimpression de manquer dâargent et de temps, ajoute Jean-Marc LĂ©ger. Il sâagit majoritairement de familles qui ont Ă©tirĂ© leur budget mensuel pour sâoffrir une maison avec un terrain. Les deux autos dans lâentrĂ©e drainent une bonne partie des revenus. Entre le boulot le jour, le cours de piano de lâaĂźnĂ© le soir et le soccer de la plus jeune le samedi matin, les rĂ©sidants des banlieues sont des navetteurs constamment dans leur voiture, Ă la course, Ă bout », souligne le sondeur. Karine HĂ©bert, sur la Rive-Sud, en face de MontrĂ©al, regarde avec dĂ©pit la facture dâĂ©picerie bondir dâune annĂ©e Ă lâautre, elle qui doit nourrir une famille de quatre â elle a deux filles de cinq et huit ans â, sans compter les dĂ©penses pour les vĂȘtements des enfants qui grandissent et le matĂ©riel scolaire Ă la rentrĂ©e⊠Le prix des fruits et lĂ©gumes, wow, ça grimpe ! Et les vĂȘtements, il faut les changer, je nâai pas le choix. Ăa coĂ»te cher, et je ne gĂąte pas mes enfants tant que ça », affirme-t-elle depuis sa voiture, un matin ensoleillĂ© dâĂ©tĂ©, alors quâelle est en route vers son travail dans un CLSC, oĂč elle est nutritionniste spĂ©cialisĂ©e en petite enfance. Ces Ă©lecteurs privilĂ©gient les sujets concrets, ancrĂ©s dans le quotidien, avance Jean-Marc LĂ©ger. Ils veulent des solutions Ă leurs problĂšmes. Ne leur parlez pas de Constitution, ils sâen fichent ! Combien un parti va-t-il laisser dâargent de plus dans leurs poches ? Est-ce quâil y aura plus de transport en commun pour leurs adolescents ? Y aura-t-il une nouvelle route pour se rendre au travail ? Ăa, ça leur parle », Ă©numĂšre le sondeur. ProbabilitĂ© de victoire en banlieue de MontrĂ©alSelon la projection Ă©lectorale de Qc125, en date du 7 septembre. SupĂ©rieure Ă 90 %Bloc quĂ©bĂ©coisParti libĂ©ral du Canada De 70 % Ă 90 %Bloc quĂ©bĂ©coisParti libĂ©ral du Canada Pivot »Moins de 70 % pour le Bloc quĂ©bĂ©cois ou pour le Parti libĂ©ral du Canada Circonscriptions MirabelThĂ©rĂšse-De BlainvilleRiviĂšre-des-Mille-ĂlesLavalâLes ĂlesMarc-AurĂšle-FortinVimyAlfred-PellanTerrebonneMontcalmRepentignyPierre-BoucherâLes PatriotesâVerchĂšresSaint-HyacintheâBagotBeloeilâChamblyMontarvilleLongueuilâSaint-HubertLongueuilâCharles-LeMoyneBrossardâSaint-LambertLa PrairieSaint-JeanChĂąteauguayâLacolleSalaberryâSuroĂźtVaudreuilâSoulanges *** Lâancienne dĂ©putĂ©e conservatrice Lisa Raitt lâa constatĂ© Ă©lection aprĂšs Ă©lection dans sa circonscription de Milton. Dans la ville paisible de 110 000 habitants qui a donnĂ© son nom Ă la circonscription, Ă 40 km au sud-ouest de Toronto, la rue principale est bordĂ©e de jolis magasins en briques et de maisons de style colonial. Lâex-ministre des Transports, du Travail et des Ressources naturelles dans les gouvernements de Stephen Harper estime quâil y a un aspect transactionnel » dans la maniĂšre dâaborder la politique de la part de bon nombre de ses concitoyens de lâindicatif rĂ©gional 905, qui englobe les circonscriptions de la couronne de la Ville reine. âQuâest-ce que vous mâoffrez pour mon vote ?â Je lâai souvent entendue, celle-lĂ ! » lance-t-elle en riant. Dans de telles circonscriptions, les politiciens font du porte-Ă -porte avec une liste de ce quâon nomme en anglais des pocketbook issues, des promesses qui touchent le portefeuille des Ă©lecteurs. Ils veulent savoir si ce sera plus facile dâĂ©lever leur famille en votant pour nous ou pour notre adversaire. Lâemploi, la croissance Ă©conomique, le prix de lâessence, le temps dans les transports, ça revient toujours », explique Lisa Raitt, qui a Ă©tĂ© dĂ©putĂ©e de 2008 Ă 2019, avant de perdre face au libĂ©ral et ancienne vedette olympique Adam van Koeverden. Entre les recensements de 2006 et de 2016, la population de la ville de Milton a presque doublĂ©. Lâautoroute 401 qui mĂšne Ă Toronto est congestionnĂ©e du matin au soir. Le train de banlieue GO Transit est bondĂ©. Promettre dâamĂ©liorer le systĂšme GO Transit apporte des votes, câest certain », soutient Lisa Raitt. Câest ce qui, pense-t-elle, a motivĂ© Justin Trudeau Ă sâengager, en mai dernier, Ă investir la rondelette somme de 10,4 milliards de dollars pour bonifier le systĂšme de transport collectif qui dessert la banlieue de Toronto â notamment afin de dĂ©sengorger les lignes de mĂ©tro, de train et dâautobus qui sâĂ©tendent vers lâouest, jusquâĂ Mississauga, Brampton et Milton. StratĂ©gie semblable dans la rĂ©gion de MontrĂ©al, oĂč le gouvernement Trudeau participe financiĂšrement Ă lâĂ©largissement du tronçon de lâautoroute 19 actuellement Ă une voie entre Laval et Bois-des-Filion â oĂč des voies rĂ©servĂ©es aux autobus et aux voitures Ă©lectriques sont prĂ©vues â ainsi quâĂ la construction du REM, qui se rendra sur la Rive-Sud, Ă Brossard, et sur la Rive-Nord, Ă Deux-Montagnes. Ă QuĂ©bec, Ottawa contribue Ă la rĂ©alisation du projet de tramway. Le transport en commun, ça marque des points sur plusieurs tableaux », explique un organisateur libĂ©ral qui a demandĂ© lâanonymat parce quâil nâest pas autorisĂ© Ă parler aux mĂ©dias. Câest bon pour lâenvironnement, ça dĂ©sengorge les routes et ça crĂ©e des emplois. Câest gagnant. » *** Chaque matin, Marie-AndrĂ©e Asselin monte dans sa voiture et la conduit dans le trafic dense pour aller travailler, comme la plupart des rĂ©sidants en pĂ©riphĂ©rie des grandes villes. Le trajet jusquâau centre-ville de Vancouver, oĂč se trouvent les bureaux de la FĂ©dĂ©ration des parents francophones de Colombie-Britannique, quâelle dirige, peut prendre 45 minutes⊠ou le double, en fonction des incidents ou de la mĂ©tĂ©o. Si ses fils veulent rejoindre lâuniversitĂ© ou leurs amis en ville, ils empruntent les transports en commun pendant prĂšs dâune heure et demie, quand tout va bien et que les connexions fonctionnent ! sâexclame-t-elle. La mobilitĂ© est un enjeu de plus en plus important chez nous, je regarde ce que les partis offrent ». Autour de la table Ă lâheure du souper, la politique est souvent au menu des conversations, surtout que le plus vieux, William, votera pour la premiĂšre fois sur la scĂšne fĂ©dĂ©rale. On se prĂ©occupe de notre sociĂ©tĂ©, on parle de tout », relate Marie-AndrĂ©e Asselin, qui revient rĂ©guliĂšrement au QuĂ©bec visiter sa famille. Depuis quelques mois, une pointe dâinquiĂ©tude perce dans les propos de William pourra-t-il un jour se payer une maison ou un condo dans le coin de pays qui lâa vu naĂźtre ? En Colombie-Britannique comme ailleurs au Canada, le marchĂ© immobilier a explosĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Bien des acheteurs dâune premiĂšre propriĂ©tĂ© sont Ă genoux, dĂ©couragĂ©s devant les prix. Câest pire depuis la pandĂ©mie. Dans tout le pays, une frĂ©nĂ©sie sâest emparĂ©e des banlieues, oĂč les maisons offrent plus dâespace quâen ville. Dâautant que le mode de vie hors des grands centres a Ă©tĂ© favorisĂ© par le tĂ©lĂ©travail. Ă moins dâun million de dollars, il nây a rien dâhabitable Ă Port Coquitlam, souffle Marie-AndrĂ©e Asselin, rĂ©signĂ©e. Ce nâest pas rĂ©aliste pour William de devenir propriĂ©taire en restant ici. On commence Ă le prĂ©parer mentalement. Il devra peut-ĂȘtre vivre au QuĂ©bec ou dans les Maritimes sâil veut se payer une maison. » Lisa Raitt se prend la tĂȘte Ă deux mains lorsque jâĂ©voque le prix des propriĂ©tĂ©s de la circonscription oĂč elle habite, Milton, en banlieue de Toronto. Câest un problĂšme majeur, une bombe Ă retardement pour les politiciens », lĂąche-t-elle. Au cours des 12 derniers mois, la valeur dâune maison individuelle Ă Milton a grimpĂ© de⊠36 % ! Le prix dâachat moyen est aujourdâhui de 1,3 million de dollars. Ă Oakville, dans la circonscription voisine, la hausse de 21 % a propulsĂ© le prix moyen dâune maison Ă 1,9 million de dollars. Le prix moyen dâun condo, en hausse de 30 % depuis un an, est de 977 000 dollars. Il y a 15 ans, Milton Ă©tait une ville abordable, explique Lisa Raitt. Maintenant, avec le prix des maisons qui a triplĂ© en six ou sept ans, les propriĂ©taires sont millionnaires. Ils sont contents, câest bon pour leur retraite. JusquâĂ ce quâils comprennent que leurs enfants ne pourront pas rester auprĂšs dâeux, dans le mĂȘme quartier, et quâils nâont pas les moyens de les aider Ă acheter quelque chose Ă ce prix. » Sans compter les impĂŽts fonciers qui suivent cette augmentation et ajoutent souvent au fardeau financier des familles et des retraitĂ©s. La hausse fulgurante des prix, autrefois limitĂ©e Ă Vancouver et Ă Toronto, frappe maintenant MontrĂ©al, QuĂ©bec et Ottawa, entre autres, oĂč les prix sâenvolent depuis un an. Au QuĂ©bec, la hausse est de 17 % pour lâensemble de la province, mais atteint plus de 25 % dans certaines villes en banlieue de la mĂ©tropole. Les partis fĂ©dĂ©raux fourbissent leurs arguments. Les conservateurs prĂ©parent des engagements pour faciliter lâaccĂšs Ă la propriĂ©tĂ©, comme en 2019, lorsquâils ont promis de faire passer la pĂ©riode dâamortissement maximale de 25 Ă 30 ans. Dans son plus rĂ©cent budget, le Parti libĂ©ral a annoncĂ© son intention de taxer les investisseurs Ă©trangers qui nâoccupent pas leur rĂ©sidence, afin de diminuer la spĂ©culation immobiliĂšre. Le gouvernement Trudeau a Ă©galement annoncĂ© 2,6 milliards de dollars pour aider les propriĂ©taires Ă effectuer des rĂ©novations vertes, une mesure populaire dans les banlieues oĂč le parc immobilier prend de lâĂąge. ProbabilitĂ© de victoire en banlieue de TorontoSelon la projection Ă©lectorale de Qc125, en date du 7 septembre. SupĂ©rieure Ă 90 %Parti conservateur du CanadaParti libĂ©ral du Canada De 70 % Ă 90 %Parti conservateur du CanadaParti libĂ©ral du Canada Pivot »Moins de 70 % pour le Parti conservateur du Canada ou pour le Parti libĂ©ral du Canada Circonscriptions BurlingtonMiltonOakville-NordâBurlingtonOakvilleMississaugaâLakeshoreMississaugaâErin MillsMississauga-CentreMississaugaâStreetsvilleMississauga-EstâCooksvilleMississaugaâMaltonBrampton-SudBrampton-OuestBrampton-CentreBrampton-NordBrampton-EstVaughanâWoodbridgeThornhillKingâVaughanRichmond HillAuroraâOak RidgesâRichmond HillNewmarketâAuroraYorkâSimcoeMarkhamâThornhillMarkhamâUnionvilleMarkhamâStouffvillePickeringâUxbridgeAjaxWhitbyOshawaDurham *** De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, lâaugmentation du coĂ»t de la vie prĂ©occupe les Ă©lecteurs de banlieue, alors les partis imaginent des politiques pour diminuer leur pression financiĂšre, affirme le chef du NPD, Jagmeet Singh, dĂ©putĂ© de Burnaby-Sud, en pĂ©riphĂ©rie de Vancouver. Il est nĂ© et a grandi Ă Scarborough, prĂšs de Toronto, et a reprĂ©sentĂ© une circonscription de Brampton Ă la lĂ©gislature ontarienne de 2011 Ă 2017. Bref, la banlieue, il connaĂźt cet Ă©lectorat le soutient depuis le dĂ©but de sa carriĂšre politique. Câest pour ça que le NPD a exigĂ© du gouvernement quâil double la somme de la Prestation canadienne dâurgence pendant la pandĂ©mie. On a aidĂ© des centaines de milliers de familles Ă continuer Ă payer leur hypothĂšque », rappelle Jagmeet Singh. Les nĂ©o-dĂ©mocrates fĂ©dĂ©raux, prĂ©sents dans les banlieues de Vancouver, de Winnipeg et de Hamilton, aimeraient bien ĂȘtre plus compĂ©titifs dans les pĂ©riphĂ©ries de Toronto et de MontrĂ©al, qui comptent un grand nombre de siĂšges. Pour y arriver, le NPD propose de resserrer les mailles du filet social crĂ©ation dâune assurance mĂ©dicaments publique, couverture par lâĂtat des soins dentaires et de santĂ© mentale, notamment. Ăa touche les gens, câest concret », plaide Jagmeet Singh, mĂȘme si ces idĂ©es nĂ©cessiteraient des pourparlers avec les provinces, puisque la santĂ© relĂšve de leurs compĂ©tences. Justin Trudeau a choisi une voie similaire depuis quâil est au pouvoir, explique le politologue David McGrane. Le branding âjeune familleâ, il se lâapproprie autant que possible. En plus, il a de jeunes enfants, alors ça aide pour lâimage. » La crĂ©ation de lâAllocation canadienne pour enfants lors de son premier mandat a Ă©tĂ© un jalon important. RĂ©cemment, le PLC a ajoutĂ© la proposition de doter le pays dâun service de garde Ă©ducatif Ă bas prix, calquĂ© sur le modĂšle du QuĂ©bec. En Colombie-Britannique et surtout en Ontario, oĂč la facture de garderie peut atteindre plus de 1 700 dollars par mois par enfant, le PLC entend jouer cette carte Ă fond. Le coĂ»t de la vie, câest aussi la mĂšre qui doit rester Ă la maison avec les enfants parce que la garderie est trop chĂšre. Les femmes ne devraient pas avoir Ă choisir entre leur famille et leur carriĂšre », assĂšne MĂ©lanie Joly, qui ajoute quâau QuĂ©bec, lâargent dâOttawa servirait Ă rĂ©duire la liste dâattente sur la plateforme La Place 0-5, oĂč sont inscrits 51 000 enfants dâĂąge prĂ©scolaire. Karine HĂ©bert, Ă Napierville, va certainement considĂ©rer les promesses des partis en matiĂšre de petite enfance. Les places abordables en garderie se font rares », dit-elle. Lisa Raitt, Ă Milton, prĂšs de Toronto, estime que lâidĂ©e libĂ©rale dâutiliser les frais de garde pour sĂ©duire les jeunes familles est intĂ©ressante, mais que ce ne sera pas une formule magique partout au pays. Ce sera plus populaire dans les grandes villes, oĂč les Ă©lecteurs sont plus favorables aux nouveaux programmes sociaux dispendieux, mais les libĂ©raux sont dĂ©jĂ forts dans ces endroits. Dans des villes de banlieue comme Milton, il y a souvent un seul revenu familial ou alors la mĂšre travaille Ă temps partiel parce que câest un choix. Câest la maniĂšre dont ils veulent vivre », soutient-elle. La maniĂšre dont ils veulent vivre. » La phrase de Lisa Raitt rĂ©sonne comme une Ă©vidence au bout de la ligne. Lâex-ministre conservatrice fait rĂ©fĂ©rence aux valeurs des rĂ©sidants de la banlieue. La relation de ces Ă©lecteurs avec la politique a beau ĂȘtre en partie transactionnelle, elle nâest pas pour autant dĂ©pourvue dâĂ©motions ni de grands principes. Et sur ce plan, le choc est parfois bien rĂ©el entre les milieux urbains et les banlieues. Le professeur de sciences politiques David McGrane plaide dâailleurs pour que les politologues canadiens cessent dâanalyser les rĂ©sultats Ă©lectoraux uniquement en fonction des zones urbaines ou rurales, comme si les villes de moyenne taille et les banlieues nâĂ©taient que la continuitĂ© des deux autres. Il y a un clivage entre les Ă©lecteurs des grandes villes et ceux des banlieues, pourtant juste Ă cĂŽtĂ©. On devrait arrĂȘter de les amalgamer comme si les zones urbaines Ă©taient homogĂšnes », affirme-t-il. Depuis une vingtaine dâannĂ©es, des Ă©tudes aux Ătats-Unis, en Grande-Bretagne, en Belgique et en Australie ont dĂ©montrĂ© que les rĂ©sidants des banlieues sont plus conservateurs que ceux des centres urbains, pourtant Ă quelques kilomĂštres de distance. Ils le sont toutefois moins que les habitants de la campagne. David McGrane et ses collĂšgues Loleen Berdahl et Scott Bell, de lâUniversitĂ© de la Saskatchewan, ont voulu savoir ce quâil en Ă©tait au Canada. Ils sont parmi les rares chercheurs au pays Ă avoir analysĂ© les valeurs et les penchants politiques des banlieusards ces derniĂšres annĂ©es. Dans une Ă©tude parue en 2017, les politologues ont posĂ© les mĂȘmes questions Ă propos dâune vingtaine dâenjeux Ă©conomiques et sociaux Ă 8 164 Ă©lecteurs des zones urbaines, rurales et des banlieues du pays. Cela allait de la place des femmes dans la sociĂ©tĂ© au racisme systĂ©mique, en passant par lâintervention de lâĂtat dans lâĂ©conomie, les baisses dâimpĂŽts, lâimportance du privĂ© en santé⊠On a Ă©tĂ© surpris des rĂ©sultats », dit David McGrane, qui sâattendait Ă y dĂ©couvrir que les rĂ©sidants des banlieues sont socialement progressistes et Ă©conomiquement conservateurs, comme on lâentend souvent dans les milieux politiques. Or, en ce qui a trait Ă la majoritĂ© des enjeux, câest plutĂŽt lâinverse ! Les banlieusards et les rĂ©sidants des quartiers centraux des grandes villes sâentendent sur lâimportance dâavoir des programmes sociaux gĂ©nĂ©reux, un systĂšme de santĂ© publique, une hausse dâimpĂŽts pour les grandes entreprises ainsi quâune certaine intervention de lâĂtat dans lâĂ©conomie, et ils sont plutĂŽt favorables Ă la prĂ©sence des syndicats. Par contre, les habitants des banlieues sont plus nombreux Ă dire que lâenvironnement ne doit pas nuire Ă la crĂ©ation dâemplois et Ă souhaiter une baisse dâimpĂŽts ou de taxes. Lorsquâil est question des valeurs morales, le fossĂ© se creuse entre la ville et sa banlieue, selon les donnĂ©es de David McGrane et ses collĂšgues. Par rapport aux citadins, les habitants de la couronne des grandes villes sont plus nombreux Ă affirmer que les femmes ont les mĂȘmes occasions professionnelles que les hommes et que le racisme systĂ©mique nâexiste pas. Ils estiment dans une plus forte proportion que, si une personne ne rĂ©ussit pas Ă©conomiquement, câest surtout de sa faute plutĂŽt que de celle du systĂšme. Lâimportance de la famille traditionnelle est Ă©galement une valeur plus souvent citĂ©e par les rĂ©pondants de la banlieue. Et ils souhaitent davantage dâinvestissements dans la police afin de combattre le crime. Des 20 indicateurs, 15 rĂ©vĂšlent que la banlieue est plus Ă droite que la ville. Câest particuliĂšrement vrai sur le plan social et moral, prĂ©cise David McGrane. Si un parti politique souhaite cimenter une coalition entre les Ă©lecteurs de banlieue et ceux des zones rurales, il a plus de chances de rĂ©ussir en misant sur les enjeux sociaux que sur les politiques Ă©conomiques. » Le chercheur mentionne toutefois que les valeurs vĂ©hiculĂ©es par un parti ne sont pas lâaspect qui prĂ©occupe le plus les Ă©lecteurs de banlieue, ce qui rend cette coalition difficile Ă construire ou Ă maintenir. Et parfois, un parti lâĂ©chappe en campagne et ça dĂ©rape », dit David McGrane, qui donne lâexemple du dĂ©bat inattendu sur le niqab en 2015. Pendant prĂšs de 10 jours, il a Ă©tĂ© question du port de ce voile intĂ©gral lors des cĂ©rĂ©monies de citoyennetĂ©. Le chef du NPD de lâĂ©poque, Thomas Mulcair, nây voyait pas de problĂšme, une position qui a coulĂ© le NPD au QuĂ©bec, surtout en pĂ©riphĂ©rie de MontrĂ©al et de QuĂ©bec. Si on va trop Ă gauche, les banlieues se rebiffent. Les partis doivent faire attention », souligne le professeur McGrane. Un organisateur conservateur qui a requis lâanonymat pour pouvoir parler franchement convient que cet enjeu du niqab, en 2015, a rĂ©animĂ© la campagne conservatrice au QuĂ©bec, qui nâallait nulle part, les Ă©lecteurs Ă©tant lassĂ©s de Stephen Harper, au pouvoir depuis presque 10 ans. Les sondages internes et le vote par anticipation ont permis au PCC, opposĂ© Ă la prestation de serment avec le voile intĂ©gral, de faire le plein dans les banlieues. CâĂ©tait super payant, je me pinçais pour y croire ! relate cet organisateur. Mais quand la tempĂȘte sâest calmĂ©e, les libĂ©raux ont tranquillement pris le dessus, parce que les gens voulaient avant tout du changement. » NâempĂȘche, au siĂšge du Parti conservateur, on a retenu la leçon sur certains enjeux moraux, la majoritĂ© francophone des banlieues du QuĂ©bec peut y aller de coups de gueule bien sentis. On cible des Ă©lecteurs avec certaines valeurs », soutient un stratĂšge conservateur qui a participĂ© Ă lâĂ©laboration des plateformes Ă©lectorales dans les derniĂšres annĂ©es. Par exemple, le PCC a appuyĂ© en 2019 la loi 21 sur la laĂŻcitĂ© du gouvernement Legault â trĂšs populaire dans les banlieues quĂ©bĂ©coises â et souhaite que les entreprises fĂ©dĂ©rales soient assujetties Ă la Charte de la langue française. Les conservateurs ont Ă©galement promis au QuĂ©bec plus de contrĂŽle sur son immigration et rĂ©guliĂšrement tapĂ© sur le clou, avant la pandĂ©mie, du chemin Roxham », ce passage Ă la frontiĂšre qui permettait Ă des migrants de demander lâasile plutĂŽt quâĂȘtre refoulĂ©s aux Ătats-Unis. Immigration, langue, laĂŻcitĂ©, ça peut faire bouger lâaiguille dans certaines circonscriptions si les conditions sont bonnes pendant une campagne », estime ce conseiller conservateur. ProbabilitĂ© de victoire en banlieue de VancouverSelon la projection Ă©lectorale de Qc125, en date du 7 septembre. SupĂ©rieure Ă 90 %Nouveau Parti dĂ©mocratique du CanadaParti conservateur du CanadaParti libĂ©ral du Canada De 70 % Ă 90 %Parti conservateur du CanadaParti libĂ©ral du Canada Pivot »Moins de 70 % pour le Nouveau Parti dĂ©mocratique du Canada ou pour le Parti libĂ©ral du CanadaMoins de 70 % pour le Parti conservateur du Canada ou pour le Parti libĂ©ral du Canada Circonscriptions West VancouverâSunshine CoastâSea to Sky CountryNorth VancouverBurnaby-NordâSeymourPort MoodyâCoquitlamCoquitlamâPort CoquitlamLangleyâAldergroveCloverdaleâLangley CityFleetwoodâPort KellsSurrey-SudâWhite RockSurreyâNewtonSurrey-CentreNew WestminsterâBurnabyBurnaby-SudDeltaStevestonâRichmond-EstRichmond-Centre *** Le Bloc quĂ©bĂ©cois, qui ne peut aborder lâĂ©conomie, la crĂ©ation dâemplois ou les baisses dâimpĂŽts avec autant de crĂ©dibilitĂ© que les partis qui aspirent au pouvoir, joue Ă fond la carte de lâaffinitĂ© idĂ©ologique. Je dis aux gens de voter pour une reprĂ©sentante qui les comprend, un parti qui leur ressemble. Je leur dis de voter pour leurs valeurs », souligne la dĂ©putĂ©e bloquiste Julie Vignola, Ă©lue dans BeauportâLimoilou en 2019. DĂ©fendre les intĂ©rĂȘts du QuĂ©bec, que ce soit la loi 21 ou une autre mesure nationaliste, câest important. Ce nâest pas parce quâon nâest pas au pouvoir quâon nâa pas de pouvoir. On peut influencer les dĂ©bats », ajoute-t-elle. La prĂ©sence du Bloc quĂ©bĂ©cois sur le terrain des valeurs brouille encore davantage le portrait politique des banlieues au QuĂ©bec, selon Earl Washburn, analyste pour la maison de sondage EKOS, Ă Ottawa, et spĂ©cialiste de la rĂ©partition gĂ©ographique du vote. Hors QuĂ©bec, si Trudeau ou Singh vont trop Ă gauche sur le plan des valeurs aux yeux des banlieues, câest le Parti conservateur qui ramasse les votes. Au QuĂ©bec, le Bloc et le Parti conservateur se partagent le terrain. Câest complexe. » Earl Washburn est dâaccord avec les travaux de David McGrane et ses collĂšgues, qui concluent que les banlieues sont plus Ă droite socialement que les centres urbains. Mais lâĂ©cart diminue dâĂ©lection en Ă©lection, note-t-il. Ă mesure que les jeunes sâinstallent en banlieue â quand ils peuvent se payer une maison ! â, ils apportent des valeurs plus Ă gauche. Le PLC de Trudeau pourrait y ĂȘtre compĂ©titif trĂšs longtemps. Si jâĂ©tais Erin OâToole, je ferais attention. Il devrait se concentrer sur les enjeux Ă©conomiques, ceux qui touchent le portefeuille, et ne pas jouer avec le feu des enjeux moraux », lance Earl Washburn. Certains dĂ©bats moraux ne passent pas, mĂȘme en banlieue. En 2019, le chef conservateur Andrew Scheer sâest brĂ»lĂ© avec la question de lâavortement, particuliĂšrement au QuĂ©bec. Je mâen faisais parler tous les jours ! CâĂ©tait un Ă©norme boulet », tĂ©moigne le dĂ©putĂ© GĂ©rard Deltell. Lisa Raitt, qui bataillait pour garder son siĂšge de Milton, affirme toutefois que ce nâest pas lâenjeu qui a fait dĂ©raper la campagne conservatrice dans le 905. On mâen parlait un peu. Mais aux portes, on me jasait dâenvironnement tout le temps ! On nâĂ©tait pas Ă la hauteur des attentes. Ăa nous a tuĂ©s », soutient-elle. *** Lâenvironnement est-il un enjeu concret ou un dĂ©bat de valeurs ? Pour Karine HĂ©bert, de Napierville, sur la Rive-Sud, câest trĂšs concret. Elle parcourt des dizaines de kilomĂštres par jour entre la maison et son travail et aimerait faire diminuer la facture de transport. Mon prochain achat, câest une voiture Ă©lectrique. Je vais voir ce que les partis offrent comme mesures incitatives », dit-elle. Câest justement dans un grand parc trĂšs frĂ©quentĂ© par les familles pour de longues promenades les fins de semaine, le centre Ă©cologique Fernand-Seguin, qui sĂ©pare ChĂąteauguay de la petite ville de LĂ©ry, que je rencontre Ăric Pinard, 56 ans. Cet enseignant de chimie, de physique et de mathĂ©matiques Ă lâĂ©cole secondaire Louis-Philippe-ParĂ©, Ă ChĂąteauguay, a davantage lâallure dâun militant Ă©cologiste, avec son t-shirt noir Stand up for science », que dâun conseiller municipal, rĂŽle quâil occupe Ă temps partiel depuis 2013 Ă LĂ©ry, municipalitĂ© de quelque 2 500 habitants en banlieue sud de MontrĂ©al, bordĂ©e par le lac Saint-Louis. Câest dâailleurs pour sauver les espaces verts de sa ville reluquĂ©s par les promoteurs immobiliers â notamment le boisĂ© Fernand-Seguin â quâil sâest lancĂ© en politique municipale. Le choc entre la conservation de la nature et lâĂ©talement urbain pour recevoir des familles, on le vit constamment en banlieue », dit-il. Lâenvironnement est de plus en plus une prioritĂ© de ses concitoyens, mais ce nâest pas encore en tĂȘte de liste, selon lui. Ăa paraĂźt bien de dire quâon se prĂ©occupe de lâenvironnement, mais surtout, ça ne doit pas nuire au mode de vie de la banlieue ! Les gens ont achetĂ© une libertĂ© et ne veulent pas que ça change trop rapidement », lance-t-il en pointant du doigt les vĂ©hicules utilitaires sport et les camionnettes qui parcourent les rues environnantes. Le transport en commun coĂ»te cher Ă mettre en place en banlieue et personne ne veut que ses impĂŽts fonciers augmentent, alors⊠» Ă lâautre bout du pays, Ă Port Coquitlam, Marie-AndrĂ©e Asselin affirme que ses trois enfants contribuent Ă faire grimper lâenvironnement dans les prioritĂ©s de la famille. Pour mes gars, câest vraiment incontournable. Une plateforme environnementale crĂ©dible, câest la base maintenant, sinon, on ne regarde mĂȘme pas le parti », dit-elle. Câest spĂ©cialement aux Ă©lecteurs en pĂ©riphĂ©rie des grandes villes que sâadressait le chef conservateur Erin OâToole en avril dernier, lorsquâil a dĂ©voilĂ© le nouveau plan vert de sa formation en vue de la prochaine campagne. Il a mĂȘme pris soin, lors de son discours, dâinterpeller directement les navetteurs de Vaughan, Whitby, Burnaby et Surrey ». En 2011, le Parti conservateur avait remportĂ© la majoritĂ© des circonscriptions dans ces banlieues de Toronto et de Vancouver. En 2015 et en 2019, il y a presque Ă©tĂ© rayĂ© de la carte. Erin OâToole a proposĂ© Ă ces navetteurs de mettre Ă la poubelle la taxe sur le carbone de Justin Trudeau », dâajouter des rabais Ă lâachat dâun vĂ©hicule zĂ©ro Ă©mission et de crĂ©er un mĂ©canisme sur le modĂšle des cartes de rĂ©compenses chaque fois quâun automobiliste mettrait de lâessence dans sa voiture, il recevrait des points verts », quâil pourrait ensuite dĂ©penser pour se procurer â parmi une liste dâarticles fournie par le gouvernement â des produits bons pour lâenvironnement », comme un vĂ©lo, un nouvel appareil de chauffage ou une carte dâautobus. Une mesure favorisant les personnes qui utilisent une voiture Ă essence, dĂ©noncent les autres partis. Ăa aide ceux qui brĂ»lent du pĂ©trole et ça ne fait rien pour changer les habitudes de consommation », affirme MĂ©lanie Joly. Peut-ĂȘtre, rĂ©torque un organisateur conservateur au QuĂ©bec, qui croit cependant que câest un plan vert que les gens vont comprendre. Câest taillĂ© sur mesure pour les banlieues, oĂč tout le monde a une auto », lĂąche-t-il. Reste Ă voir si ce sera suffisant pour maintenir la campagne conservatrice Ă flot quant Ă cet enjeu. La plupart des citoyens que nous avons interrogĂ©s nâavaient pas encore entendu parler du nouveau plan vert des conservateurs. Un sondage Angus Reid paru deux semaines aprĂšs le dĂ©voilement du plan montrait que 60 % des Canadiens Ă©taient indiffĂ©rents aux nouvelles idĂ©es du parti dans ce domaine, alors que 20 % des 2 000 rĂ©pondants disaient ĂȘtre plus enclins Ă voter pour le PCC maintenant, et 20 % moins susceptibles de lâappuyer. Lisa Raitt affirme que le jury » dĂ©libĂšre toujours. Les Ă©lecteurs de banlieue ne veulent pas que le Parti conservateur se transforme en Parti vert ! Mais ils veulent un plan plus crĂ©dible quâen 2019. Et celui-ci est mieux. Un candidat conservateur en banlieue pourra dire, lorsquâil cognera aux portes, quâil a quelque chose Ă offrir », juge-t-elle. Le dĂ©putĂ© GĂ©rard Deltell prĂ©cise que lâenvironnement nâest pas la prĂ©occupation quâil entend le plus depuis quelques mois dans la banlieue de QuĂ©bec. Les questions fiscales et lâĂ©quilibre budgĂ©taire reviennent bien plus souvent dans les conversations », dit-il. Câest Ă©galement lâopinion du producteur publicitaire et cinĂ©matographique Charles Gaudreau, qui rĂ©side dans une maison centenaire Ă Beauport. Lâenvironnement vient au troisiĂšme rang de ses prioritĂ©s, aprĂšs les programmes sociaux pour sâoccuper de ceux qui en ont besoin » et la responsabilitĂ© fiscale et Ă©conomique ». Il nâa jamais compris pourquoi Justin Trudeau accumulait les dĂ©ficits budgĂ©taires quand lâĂ©conomie canadienne se portait bien, avant la pandĂ©mie. CâĂ©tait stupide ! » La crise sanitaire a toutefois changĂ© le portrait, convient-il. Je comprends pourquoi câĂ©tait important de dĂ©penser. » NâempĂȘche, lâĂ©tat des finances publiques le prĂ©occupe. Ăa prendra un peu de courage pour faire le mĂ©nage dans les finances publiques. » Il nâest pas le seul Ă se poser des questions sur la trajectoire financiĂšre du pays. Selon un sondage Nanos-The Globe and Mail dĂ©voilĂ© en mai, 74 % des Canadiens se disent inquiets de lâampleur du dĂ©ficit Ă Ottawa, qui a dĂ©passĂ© les 300 milliards de dollars en 2020-2021. Ăa va faire partie du dĂ©bat, câest certain », souligne GĂ©rard Deltell, sourire en coin, dont le parti propose un plan de retour Ă lâĂ©quilibre budgĂ©taire en 10 ans. Quâil sâagisse de la gestion budgĂ©taire, de lâenvironnement, des baisses dâimpĂŽts, dâun systĂšme de garderie abordable ou des soins dentaires, ce dont la classe moyenne des banlieues a envie de dĂ©battre, le reste du pays en entendra parler pendant toute la campagne. Ce sont ces Ă©lecteurs, Ă©tablis dans des endroits cruciaux pour les partis, lĂ oĂč les batailles Ă©lectorales sont les plus serrĂ©es, qui dictent la dynamique de la campagne. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, le rĂ©sume sans dĂ©tour Ce nâest pas compliquĂ©, on a tous besoin de leur appui. »
Lejeu de tir par équipe de Blizzard Entertainment, acclamé par la critique, est sorti dans le monde entier sur PlayStation4, Xbox One et PC Windows le 24 mai. Depuis, plus de 7 millions de joueurs s'affrontent pour le futur d'Overwatch et ont déjà passé 119 millions d'heures sur l'un des jeux au lancement le plus réussi de tous les temps
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Cemardi 8 dĂ©cembre, Vianney a publiĂ© un message trĂšs Ă©mouvant sur Instagram pour annoncer la mort tragique de Nolann, 10 ans, un fan mort des suites dâune maladie. Vianney est en deuil
Objectif Secret Objectif Secret Affichage 1-12 de 19 articles Vous cherchez le jeu qui rendra votre soirĂ©e entre amis ou le mariage de votre cousine inoubliable ? Avec Killer Party, endossez le double rĂŽle de tueur implacable et de victime potentielle !Un joueur incarne lâorganisateur de la partie. Il assigne Ă chaque participant une mission et une cible dans lâassistance. Les cartes Mission L'hiver vient... et il n'est pas lâhiver glacial dâun monde apocalyptique, lâhumanitĂ© lutte pour survivre. Les aspirationsindividuelles entrent frĂ©quemment en conflit avec lâintĂ©rĂȘt collectif. En plus des innombrables menaces extĂ©rieures, les tensions internes pourraient bien dĂ©truire la colonie ! Il faudra garder le moral pour espĂ©rer sâen sortir⊠La nuit la plus longue est un jeu Ă part entiĂšre qui peut Ă©galement se greffer au jeu Dead of Winter. Il introduit autant dâamĂ©liorations que de nouveautĂ©s, faisant de Dead of Winter une expĂ©rience encore plus terrifiante, Ă©reintante, mais complĂšte ! MĂȘlant construction de tableau et gestion de dĂ©s. BĂątissez votre Royaume, mais attention vos adversaires peuvent bĂ©nĂ©ficier des effets de vos dĂ©s durant leur tour. Ah oui, j'oubliais... des hordes de viles crĂ©atures comptent bien s'abattre sur vous ! De nouvelles menaces toujours plus monstrueuses planent sur le Royaume de Valeria ! Des Ă©claireurs auraient aperçu des meutes de "chiens" enflammĂ©s en provenance du Sud, et des bĂȘtes aux morsures glaçantes au Nord...Le Roi a envoyĂ© ses vassaux aux quatre coins du Royaume pour recruter de nouveaux Aventuriers, tandis que les ouvriers travaillent sans relĂąche Ă la construction de nouveaux Domaines. Votre mission devenir un agent secret de la bonne humeur ! Dans cette boite se trouve une expĂ©rience inĂ©dite, une sorte de chasse au trĂ©sor dans VOTRE VIE QUOTIDIENNE qui stimule la crĂ©ativitĂ©, lâhumour et rĂ©compense lâaudace ! RĂ©alisez chaque mission offrir un cadeau sans raison, improviser un discours dans un ascenseur⊠puis faites passer la carte Ă un complice involontaire, qui relĂšvera le dĂ©fi Ă son tour ! Les grandes surprises et petites attentions vont envahir le monde, et cela commence par VOUS ! Ceci est une extension nĂ©cessite la boĂźte de base. Les tĂ©nĂšbres menacent le royaume de Valeria... Des loups-garous, des vampires et d'autres crĂ©atures malĂ©fiques s'avancent dans la nuit pour dĂ©chirer votre peuple !Mais n'ayez crainte de nouveaux citoyens ont rejoint votre camps. Certains se sont spĂ©cialisĂ©s dans l'Ă©limination de ces viles crĂ©atures ! 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Ceci est une extension nĂ©cessite le jeu de dans le monde cachĂ© du MarchĂ© Noir, oĂč tout est possibleâŠsi vous pouvez payer le prix !Mettez la main sur des artefacts aux origines douteuses et obtenez des faveurs dâindividus sans scrupules pour devancer vos collĂšgues conservateurs !Lâextension MarchĂ© Noir offre une nouvelle façon dâobtenir des cartes Objet et cartes Objet disponibles sur le marchĂ© noir rendent vos collections encore plus spectaculaires, alors que les cartes de Faveur vous permettent de jouer des tours Ă vos adversaires !Mais attention, si vous vous livrez Ă trop dâactivitĂ©s illicites, la rĂ©putation de votre musĂ©e en souffrira⊠Ceci est une extension nĂ©cessite le jeu de succĂšs dâun musĂ©e repose avant tout sur le travail des archĂ©ologues, ces aventuriers qui parcourent le monde Ă la recherche de vestiges de civilisations vos Ă©quipes dâarchĂ©ologues avec soin afin de rĂ©colter le plus dâartefacts pour vos galeries !Dans cette extension de Museum, vous enverrez vos archĂ©ologues sur les quatre Continents afin de rapporter des artefacts pour votre Ă©tablissement !Sans leur aide, vos galeries resteront vides. En dĂ©veloppement votre rĂ©seau dâarchĂ©ologues sur chaque Continent, vous gagnerez des points supplĂ©mentaires et des bonus dâagent sur place impossible d'acquĂ©rir des objets !Un autre conservateur acceptera peut-ĂȘtre de vous aider⊠contre rĂ©munĂ©ration ! Tout ce quâon dit de moi est vrai. » - Lando Calrissian Dans Star Wars Bordure ExtĂ©rieure votre objectif est de devenir le hors-la-loi le plus cĂ©lĂšbre ou le plus haĂŻ de la galaxie ! Traquerez-vous les individus dont la tĂȘte a Ă©tĂ© mise Ă prix par les Hutts ? Commettrez-vous des larcins pour le compte des syndicats du crime ou transporterez-vous illĂ©galement des marchandises en dĂ©jouant la vigilance des patrouilles ImpĂ©riales ? Tout est possible Ă ceux qui osent parcourir les confins de lâespace connu ! Rassemblez votre Ă©quipage, entrez les coordonnĂ©es de votre destination et prĂ©parez votre saut dans lâhyperespace avec Star Wars Bordure ExtĂ©rieure !
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